Il est à mi-chemin entre la quarantaine et la cinquantaine, père de deux enfants encore en bas âge, dont la mère fait pratiquement l'impossible pour subvenir à leurs besoins et surtout pour pouvoir les éduquer, loin des agissement de leur paternel, un véritable fanatique de Bacchus, donc s'accrochant à la dive bouteille comme à la prunelle de ses yeux! Vous avez, donc, certainement compris que le bonhomme est du genre à organiser les beuveries ou, à défaut, à y prendre part allègrement à tout bout de champ. Le hic, c'est qu'il n'avait pas les moyens nécessaires, étant le plus souvent « inscrit » sur la longue liste des chômeurs, à se payer ces réunions qu'il prisait tant. Aussi, ne s'éloignait-il pas du voisinage immédiat, avec tout ce que ça génère comme dérangement pour ces voisins, mais dont la majorité subissent sans broncher, craignant peut-être les réactions du bonhomme, réputé pour être agressif et pas du tout commode. On évite de ce fait tout frottement qui risque fort de dégénérer. Or, se croyant tout permis et pouvant disposer d'une liberté de manœuvre, impunément, le bonhomme en question allait pousser un jour, ou plutôt un soir, la goujaterie jusqu'à s'installer juste sur le perron d'une voisine qu'il savait pertinemment vivant seule chez elle en compagnie de ses trois enfants, dont l'aîné avait à peine dix ans. Il était, bien entendu, accompagné de quelques-uns de ses copains, dont il ne pouvait d'ailleurs s'en séparer. Ce soir-là il est allé un peu loin dans ses « exploits linguistiques », entendez toutes sortes d'insultes et gros mots, un vocabulaire des plus riches puisé dans la rue, sinon au cours des détentions qu'il a récoltées jusque-là. La voisine n'a pu s'empêcher dès lors de réagir, d'abord timidement, voire poliment, puis vigoureusement en constatant que l'individu ne lui accordait pratiquement aucune attention, se moquant littéralement et éperdument de ses remontrances. Pis encore, le sinistre individu ne s'est nullement gêné pour lui lancer à la figure quelques ordures tirées de son riche lexique pénitentiaire, provoquant chez la dame une réaction plus virulente encore. En tout cas, elle n'est pas allée de main morte, lui lançant, essentiellement, ses quatre vérités à la face. Une réaction spontanée et non moins courageuse, qui va lui coûter malheureusement bien des désagréments, sinon une correction magistrale qu'elle n'oubliera sûrement pas de sitôt. Le voyou n'est pas allé par quatre chemins, en effet, afin de la punir pour lui avoir tenu tête et, surtout, pour avoir osé lui dire tout haut tout ce que tout le monde dans le voisinage pensait, de lui, tout bas. La pauvre eut effectivement droit à une raclée qui lui a coûté quelques dents, sans compter les bleus, les contusions et autres ecchymoses. Interpellé le lendemain, après que la victime eut déposé plainte, il a avoué son forfait sans la moindre réticence, avant de se contracter le jour où il s'est présenté devant le juge, allant jusqu'à accuser la plaignante de lui avoir cherché noise, de l'avoir provoqué et de l'avoir surtout humilié en présence de ses compères. Mais la cour n'a pas du tout cru en ces balivernes en le condamnant à huit mois de prison ferme…