En un temps où d'autres femmes ont encore à se lutter contre des murs de misogynie, on peut dire que la question de l'égalité homme/femme est devenue réalité en Tunisie, mais les problèmes qui paralysent la vie de certains couples persistent. Et si les textes constitutionnels et législatifs ont évolué en faveur de la femme, les mentalités, elles, n'ont pas suivi. En Tunisie, les talons aiguilles ont investi tous les domaines. La femme est à la chambre des députés, elle est membre des conseils municipaux, aux commandes d'engins aériens blindés,… On lui a même confié des portefeuilles ministériels. Revers de la médaille d'un modèle sociétal moderne : les taux les plus élevés en matière de divorce dans le monde arabe, sont enregistrés en Tunisie. La gent féminine serait la plus demandeuse de séparation. Qu'est-ce qui ne va pas au juste dans la vie des couples qui se retrouvent un jour ou l'autre au bord de la rupture ? Macho, moi ? Il est vrai qu'une vie de couple n'est pas un long fleuve tranquille et que l'équilibre conjugal est une recherche perpétuelle plutôt qu'un acquis, mais pour y arriver, il faut consentir des sacrifices des deux côtés. « Pourquoi incombe-t-il toujours à la femme de faire des sacrifices pour préserver son couple. Chez moi je fais le ménage, je me débrouille pour garder les enfants et en plus je prépare à manger. Mon mari se contente de regarder la télé et il est aux abonnés absents quand il est question de l'éducation des enfants ou de la distribution des tâches ménagères dans notre foyer. » confie Sarra, médecin. La question, en fait, serait de savoir pourquoi certaines femmes n'arrivent-elles pas à s'affirmer face à leurs conjoints. “Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus'' Pour y répondre on peut invoquer la thèse de John Gray auteur du best seller mondial « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus ». Dans cet écrit, on reconnaît notamment le fait qu'un homme et une femme sont différents en ce sens où l'on doit « connaître nos différences pour mieux nous comprendre. Les femmes étant plus portées sur la communication alors que les hommes sont plus réservés. » «La question revient aussi à l'éducation que certains ont reçue » nous dit le Dr Imed Regaig, psychiatre. « Dans certaines familles où la femme a gardé son statut de mère de famille soumise, cela affecte beaucoup l'enfant quel que soit son sexe. Si l'enfant a été habitué à voir ses parents se partager les tâches, il se comportera de la même manière une fois devenu adulte. Selon moi, une éducation basée sur l'entraide favorise une vie adulte équitable. » souligne notre spécialiste qui reconnaît le fait que l'éducation que l'on reçoit depuis notre plus tendre enfance fait de nous ce qu'on est une fois adulte. Le machisme des uns et des autres trouve son origine, également, dans l'éducation, toujours selon lui. «Le machisme », le terme est défini dans le dictionnaire comme « la tendance de certains hommes à mettre en avant de manière exacerbée et exclusive leur virilité et de croire que les femmes leur seraient inférieures dans tous les domaines ou dans les domaines prestigieux, pensant ainsi qu'il est logique qu'elles soient cantonnées aux tâches subalternes. » La solution ? « Il faut privilégier la communication. On peut parfois même, faire appel à une tierce personne pour parler du problème qui enfoncerait au fond du gouffre la vie du couple. » nous dit le professeur agrégé Regaieg. Encore faut-il savoir comment en parler. Car certains ont besoin d'apprendre à parler. Une parole qui ouvre, qui blesse parfois mais en tous les cas, qui essaie de joindre l'autre.