Le Temps-Agences - Point de ralliement pour qui veut contempler une carcasse de char Merkava, manipuler un lance-roquettes ou découvrir un véritable bunker creusé dans la roche: le «parc d'attractions» du Hezbollah, dans le village de Mlita, à une bonne heure de route au sud-est de Beyrouth, attire de nombreux visiteurs. Après avoir tenu tête à l'été 2006 à l'armée israélienne et tout en affûtant ses armes en prévision de la prochaine confrontation, le mouvement chiite profite de la trêve actuelle pour soigner ses relations publiques. Plus réputé jusque-là pour son sens du secret, le Hezbollah, soucieux de glorifier ses prouesses guerrières a décidé d'ouvrir au public l'une de ses redoutes inexpugnables du temps de l'occupation israélienne du Sud-Liban. Perché sur une colline boisée de chênes, ce «Hezbollahland», tout à la gloire des patriotes et martyrs chiites libanais, a attiré plus d'un million de visiteurs depuis son ouverture, en mai, se vantent les guides qui en commentent la visite. "Si les Israéliens ne nous attaquent pas, nous ne les attaquerons pas. Nous ne sommes pas des terroristes. Nous sommes des gens très pacifiques et nous avons le droit de vivre comme n'importe quelle autre nation", assure d'une voix douce l'un d'entre eux, Ali. Cumulant son job de guide à temps partiel avec un emploi dans une banque islamique de la localité proche de Nabatieh, Ali confie que le parc, qui a déjà coûté quatre millions de dollars, ambitionne de se doter d'un camping, de piscines, de clubs de sport, d'un téléphérique et ... d'un hôtel cinq étoiles. Les guides prêchent généralement des convaincus: la foule des visiteurs est essentiellement composée de chiites libanais, même si le parc attire aussi des touristes étrangers, pour lesquels le Hezbollah dispose de guides polyglottes. "On croit au Hezbollah, on croit en son pays, on croit en sa force", s'extasie Sara Nasser, une habitante du village sud-libanais de Haris, en se déclarant remplie de fierté par sa visite. La visite du parc de Mlita débute par un amphithéâtre où l'on projette une vidéo de sept minutes sur l'histoire du Hezbollah, ponctuée de musique martiale à percer les tympans. Suit la visite d'un musée couvert où sont exposés armes et uniformes capturés sur des soldats israéliens. Sur les murs, des panneaux expliquent l'organisation militaire israélienne et des photos satellite désignent les cibles du Hezbollah, dont le réacteur nucléaire de Dimona, dans le désert du Néguev. La visite du parc de Mlita s'achève par la "place de la Libération", un jardin entouré de canons et de lance-missiles, où des marches de pierre mènent à une esplanade dédiée aux martyrs du Hezbollah.