C'est devenu l'attraction par excellence des consommateurs en ce mois sacré. Dar Châabane continue de susciter la curiosité. Cette ville des sculpteurs est prise d'assaut chaque jour par des milliers de consommateurs. Entre midi et 15 heures, le flot humain est incessant. Un rush exceptionnel. Tout simplement parce que cette cité abonde de légumes, de fruits et de viandes à des prix abordables pour toutes les bourses. Tout le monde s'approvisionne en produits frais. Une tournée dans cette ville nous a permis de découvrir cette ambiance ramadanesque. Une animation particulière règne jusqu'à 19h00. Les gens essayent de parcourir le plus vite possible cette avenue principale de la ville au risque de dégarnir leur portefeuille. On est tout d'abord surpris par les charmes discrets de la bousculade. Mais qu'est ce qui fait courir tout ce beau monde de consommateurs vers ces marchands de légumes, des épices, de viande et de poisson ? Rien qu'à voir la patience des acheteurs, leur endurance et les innombrables chamailleries à propos de tout et de rien, on est tenté de dire pourquoi toutes ces femmes et tous ces hommes viennent-ils nombreux à ce marché ? Tout simplement parce que les produits sont frais et à des prix abordables. Ces consommateurs trouvent leur compte. « C'est vrai qu'on trouve de tout et en abondance. Il y en a des produits pour toutes les bourses. Je suis de Nabeul mais je m'approvisionne à Dar Châabane car tout est abordable et à bon marché », nous dit Hédi, un vieux qui arrive facilement à passer au milieu d'une grande marée humaine. Sami, un habitué de ce coin vient tous les jours s'approvisionner en légumes et fruits : « je ne rate aucune occasion pour venir remplir mon couffin même en dehors du mois de ramadan. Les étalages sont bariolés. On trouve tout le nécessaire et à des prix raisonnables. . Je fais le tour et j'achète ce qui manque. Cette fois-ci j'ai dû m'approvisionner en fruits notamment les bananes qui sont à 1d,500 alors qu'elles sont à 2d,200 à Nabeul.» Jalel qui vient de quitter son boulot est très fatigué. Il a du mal à se frayer un chemin dans cette masse humaine. « Il faut avoir une dose de savoir faire du coude pour se frayer une place dans les foules compactes qui se font et se défont au gré de la vague et sans logique apparente », dit-il. Il y a une grande différence entre Dar Châabane et les villes avoisinantes. « Les bons raisins sont vendus ici à 1d,500 alors que vous les trouvez ailleurs à 3 dinars. Ma bourse ne me permet pas. C'est accessible et surtout que mes enfants aiment beaucoup ce fruit », ajoute Jalel. Pas plus loin on trouve les vendeurs des pains faits à la maison, le « tabouna ». Tous les étalages sont pris d'assaut. On achète car ces « tabouna » de Dar Châabane ont un goût particulier même si les prix ont grimpé passant de 600 à 800 millimes. Les gens raffolent avant tout de pain succulent. Mais avant de partir, on est obligé d'acheter les zlabias et mkharaks, (variante de la zlabia gorgée de miel ayant la forme d'un doigt épais), on se bouscule au portillon, c'est un rituel amusant et fatiguant par l'attente. C'est un rituel qu'on aime et qu'on respecte car sans ces bousculades le charme n'existerait pas. Les zlabias de Dar Châabane ont un goût particulier. On vient même de Tunis pour se ravitailler et plusieurs restaurants se transforment à l'occasion en vendeurs de ces gâteaux succulents. On fait la queue malgré la chaleur suffocante du lieu. Les gens achètent tout sans recul. Chacun selon ses moyens et ses possibilités. Les tentations sont grandes en ce mois de Ramadan même les sucreries ne laissent personne indifférent !