Le dernier brûlot appelant à nettoyer l'Europe de ces immigrés décidément responsables de tous les maux a été commis par un Allemand au doux nom de Sarrazin. Ce genre de coïncidence ne s'invente pas. Le pamphlétaire en question doit en effet avoir d'arrières grands parents venus d'Arabie. Pour l'histoire, tous les sujets des califes successifs étaient pour l'Occident alors chrétien des Sarrazins. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, avec les reniements opportunistes qui font l'histoire des Nations et des individus. Ceci étant, le discours du Sarrazin en question est approuvé, dit-on, par au moins la moitié des Allemands purs et durs. On a beau rappeler que ces immigrés aident un peu beaucoup aux travaux pénibles de l'Allemagne profonde, la crise désigne ses victimes expiatoires, sous les applaudissements de la foule chauffée à blanc, au propre et au figuré, par la fureur de la nostalgie purificatrice. Les grands principes humanitaires résistent mollement devant les menées dévastatrices de l'inquisition. En France, on pourchasse les Roms, pourtant arrivés en toute légalité selon le principe de la libre circulation des citoyens appartenant à tous les pays de l'Union Européenne. Aux Etats Unis, Hilary Clinton se lance dans une envolée lyrique en déclarant que «les USA sont le meilleur espoir dans un monde dangereux». C'est comme pour la publicité pour une marque de chocolat en quelque sorte «un moment de douceur dans un monde de brutes». Pour le reste, il vaut mieux passer sous silence le désespoir des peuples enfouis sous les bombes et saignés à blanc pour l'éternité de l'éternité. L'espoir a quelque chose de désespérant quand il se plie aux intérêts exclusifs des plus forts. Et on peut estimer que le pasteur américain, évangéliste de la fin des temps rentre dans la logique de cet espoir, puisque jusqu'à mieux informé, les grands moyens guerriers n'ont pas été mis en branle pour le ramener à la raison, au moins la raison de l'opportunisme. Le projet du Pasteur est de faire un autodafé avec des exemplaires du Coran. Y avoir pensé donne déjà à réfléchir. Beaucoup s'indignent mollement au moment où la fureur de la pureté va encore faire sombrer le monde dans la terreur aveugle. Il faut tout de même relever la position lucide du Général américain en charge de l'Afghanistan. Celui-ci dit que cette histoire de pasteur va lui compliquer la tâche sur le terrain des combats, déjà assez compliqué comme ça. Le général ne rentre pas dans le fond de la question. Il juge actuellement inopportun de faire de la provocation. Probablement sous réserve de retour sur la question à la fin de la guerre. Avec le retour de l'esprit des croisades, chacun a les Sarrazins qu'il peut.