Au Club de Cinéma pour Enfants à Sfax, on affiche une détermination claire à en finir avec l'inertie « forcée » de ses premières années d'existence et à repartir du bon pied. Les atouts : de l'ambition à revendre, beaucoup de passion, un local et surtout une alliance raffermie par le « combat » de la survie et la volonté commune de relever le défi inhérent à toute action de résurrection, tant il est vrai qu' à l'exception de rares mordus, la flamme pour le cinéma s'est éteinte depuis belle lurette. Le Ciné-club pour Enfants à Sfax est né justement de la sainte alliance d'un groupe de mordus du septième art, réunis à l'initiative de Mouna Mkaouar, professeur d'arts plastiques, une vraie passionnée d'arts et de débat et qui plus est, débordant d'amour pour les enfants. L'équipe dirigeante partage la nostalgie des jours heureux des ciné-clubs et du cinéma en général à la Capitale du Sud. La ville comptait en effet une dizaine de salles de cinéma, pas moins de quatre ciné-clubs, sans tenir compte de ceux relevant des maisons de culture et de jeunes. Autant de lieux de diffusion de la culture cinématographique, d'instauration et d'ancrage de la culture du dialogue, de promotion de la communication et de l'échange ainsi que lieux de développement de l'esprit critique. Autant, également, de pépinières où ont poussé des talents et de futurs brillants cinéastes à l'instar Nouri Bouzid, Mohamed Damak, Habib Châari, Moncef Dhouib et autre Mounir Fellah. Equipe réduite mais polyvalente Conscient de la nécessité d‘agir, le groupe s'est affilié à la Fédération Tunisienne des Ciné-clubs en août 2006 et s'est investi dans sa mission, réussissant la gageure de projeter cinq films entre les mois de décembre 2006 et janvier 2007. malheureusement, l'expérience a fait long feu, faute de local pour la projection des films, mais aussi pour des raisons liées à des défaillances d'ordre relationnel. A suivi par la suite, une période d'hibernation forcée, mise à profit pour ressouder l'équipe et susciter l'adhésion de nouveaux postulants, à travers une réflexion profonde destinée à clarifier les concepts de base en vue d'aboutir à l'élaboration d'une vision inspirée des études relatives à la dynamique de groupe. La nouvelle équipe est réduite mais polyvalente. L'initiatrice de la création du club, Mouna Mkaouar, familière des débats au sein des ciné-clubs, a déjà fait du théâtre. De plus, elle a une certaine expérience en matière cinématographique dans la mesure où elle a produit un court métrage. Anis Karâa est un universitaire expert en matière cinématographique qui va assurer, entre autres, l'initiation des autres membres du comité directeur aux techniques cinématographiques. Monjed Mzid, instituteur de son état, s'est formé sur le tas, à la critique cinématographique en fréquentant les quatre anciens ciné-clubs de Sfax, à savoir, le Ciné-club, le Ciné-jeunesse, le Ciné-club Louis Lumière et le Ciné-culture, dont il est le fondateur. De plus, à son amour pour le 7ème art, Monjed Mzid allie le culte du savoir. Tout en vouant sa vie à l'instruction des enfants, il a consacré ses moments libres aux études, empilant les diplômes : deux maîtrises en histoire et en géographie, un mastère et un doctorat en cours de préparation. Souha Ben Hasssana a une bonne expérience en matière de rédaction de scénarios , ayant participé à la construction des scénarii des films produits par l'Association Tunisienne de l'Education et de la Famille. D'ailleurs, tous les membres ont le loisir de profiter des cycles de formation continue assurés par la Fédération Tunisienne des Ciné-clubs. Les efforts des uns et des autres en vue de dénicher un local approprié ont finalement abouti , comme le souligne le rapport moral, grâce à la bienveillance de Mustapha Trigui, directeur du Complexe des Jeunes sis route du port. Le même rapport rend hommage également aux Pères Blancs, aux religieux de l'église de Saint-Joseph qui ont mis gracieusement à la disposition du club l'espace de ce lieu de culte pour la projection de trois films. Une autre mention met aussi en relief la contribution des étudiants africains. Assiduité et persévérance En somme, c'est un harassant saut d'obstacles, dans la mesure, où les membres du club comptent sur leurs propres moyens en matière de financement, mais également en matière de diffusion de l'information auprès du public des enfants, de logistique etc…,sachant que les entrées sont gratuites et que les séances de débats sont agrémentées de douceurs et de boissons, toujours à la charge des mêmes membres. Maintenant que le groupe est délivré du souci du local, les conditions sont devenues favorables à la mise en œuvre de son programme. Le redémarrage des activités prévu pour la fin octobre prochain avec pour mots d'ordre « assiduité et persévérance » s'annonce riche en projets : projections itinérantes, essentiellement dans les écoles pour aller à la rencontre des élèves, possibilité de coopération avec la Maison de France au cours des vacances ainsi qu'avec d'autres clubs de cinéma, organisation de journées cinématographiques, avec une option marquée pour le cinéma tunisien pour enfants, possibilité d'invitation de réalisateurs tunisiens, initiation des enfants aux techniques cinématographiques, confections de films par les adhérents du club etc…, le but étant « de promouvoir la culture cinématographique auprès des jeunes et de former de nouvelles générations imbues de culture cinématographique », conclut la présidente du Ciné-club pour Enfants à Sfax.