Deux millions d'élèves font leur rentrée scolaire. Presque le quart de la population tunisienne va à l'école. Si on y ajoute le nombre des inscrits à l'enseignement supérieur, la quête du savoir confirme sa dimension de socle fédérateur des valeurs de la République et de gage toujours renouvelé pour le progrès. Notre pays a bâti son modèle d'émancipation intellectuelle, d'authenticité, d'enracinement et d'ouverture sur le monde, autour de l'Enseignement. C'est pour ainsi dire notre Raison d'Etat à nous. Avant l'indépendance, et après, la Tunisie a toujours mis en avant la force d'une intelligentsia instruite et au fait des mutations du monde. Nous avons fait tonner les armes pour sortir le colon français. Mais, c'est sur son terrain, l'éducation, l'instruction et le savoir que nos militants l'ont réduit à l'impuissance. Un pays trois fois millénaire, et qui aura connu toutes les invasions, qui a du sang berbère, carthaginois, romain et arabe dans les veines, ne pourra être qu'un pays des lumières. Ces mêmes lumières incandescentes du savoir, du brassage culturel qui prémunissent la société tunisienne contre les basculements dans les obscurantismes. Les valeurs cardinales restent, dès lors, immuables : l'obligation de l'enseignement et sa gratuité. Le discours enseignement public/enseignement privé, ne saurait être, de ce fait, assimilé à une quelconque forme de dichotomie. En revanche, l'école se réfléchit toujours et elle se remet en question. A l'heure du boom scolastique, il est normal que les réformes se succèdent et que le système se mette au diapason des exigences de l'époque. Il est, donc, inévitable de devoir, de temps à autre, corriger le tir pour asseoir une méthodologie académique – qui ne fonctionne pas comme une rhétorique vide – et une pédagogie basique qui soit assimilable par tous – les enseignants en premier. Réussite pour tous, le moins possible de déchets scolaires et, à terme, la revalorisation des diplômes tendant à se stériliser ces derniers temps : c'est dans nos cordes. Mais il faudra aussi que l'éthique se réinstalle à l'école, qu'enseignants et apprenants dialoguent pour que, justement, l'école recouvre sa vocation d'école de la… vie.