«Les nouvelles mesures n'améliorent guère la qualité de notre enseignement» «Des milliers d'élèves n'ont pas encore de professeurs» «88 professeurs contractuels révoqués illégalement» «Nous tenons néanmoins au dialogue avec le ministère» Le point de presse tenu hier matin par le Bureau national du Syndicat général de l'enseignement secondaire est revenu sur trois points essentiels aux yeux des enseignants : les nouvelles mesures ministérielles, la rentrée scolaire et les revendications principales des professeurs (qui rappelons-le ont lancé un avis de grève pour la journée du 27 octobre prochain). Concernant les décisions relatives à la cérémonie du salut au drapeau, la suppression de la semaine bloquée et du bac sport, le syndicat réitère son opposition au nouveau cérémonial patriotique et à la suppression des épreuves sportives au baccalauréat. D'autre part, on trouve aberrant que la suppression de la semaine bloquée ne concerne que les élèves de l'enseignement de base. « Que faire, se demande Sami Tahri, le secrétaire général du syndicat, dans les établissements qui abritent en même temps un collège et un lycée ? En tout cas, conclut-il sur ce premier point de la conférence de presse, les mesures décidées récemment n'ont fait l'objet d'aucune concertation avec les professeurs, ne résolvent aucun problème de fond, ni ne contribuent à l'amélioration de la qualité de notre enseignement. » Une rentrée ratée Au sujet de la rentrée scolaire 2010-2011, le syndicat du secondaire estime qu'elle est ratée, et qu'on n'en a pas vu de plus difficile depuis bien des décennies : « figurez-vous, ajoute Sami Tahri, qu'à quelques jours des premiers tests, les lycées et les collèges n'ont rien reçu d'officiel sur le calendrier des vacances. Or, la répartition des dates des épreuves en dépend largement. Des milliers d'élèves n'ont pas encore repris les cours parce que les affectations des enseignants ne sont pas encore achevées ; les professeurs en surnombre ignorent le sort qui les attend ; des chantiers de restauration, d'extension ou de rénovation se poursuivent encore dans certains établissements, une grève a été observée le 15 septembre à Zaghouan pour soutenir un enseignant contractuel de philosophie, renvoyé pour incompétence pédagogique après plusieurs années de service, malgré ses diplômes obtenus brillamment et l'excellent rapport rédigé à son sujet par l'inspectrice dont il relève. De plus, rapporte le responsable syndical, près de 90 professeurs contractuels ont été révoqués après 10 ans de d'exercise alors qu'une telle mesure est contraire aux règlements du Code du travail. « Et comble de la dérision, notre ministère recrute entre 300 et 350 suppléants pour des postes permanents (de professeurs partis à la retraite, décédés ou bénéficiant de congés de longue durée). Ces nouveaux enseignants toucheront quelque 320 dinars et ne jouiront presque pas de leurs droits légitimes de travailleurs de la fonction publique. » On nous a lu entretemps plusieurs télégrammes émanant de personnes ou d'associations étrangères à l'éducation et à l'enseignement qui dénoncent l'action syndicale et le recours à la grève décidé par la commission administrative le 6 septembre dernier. A la fin de la conférence, Sami Tahri a réaffirmé l'attachement du syndicat de l'enseignement secondaire au dialogue et appelé à la reprise des négociations bloquées depuis des mois. En même temps, il a souligné la légitimité des revendications du secteur et le droit des enseignants de les défendre légalement. Badreddine BEN HENDA
Des programmes scolaires à revoir Le syndicat du secondaire appelle à la suppression de la leçon initiale du programme de la 7ème année de base qui donne lieu à l'audition d'une chanson d'Enrico Macias, « chanteur qui n'a jamais caché ses sympathies sionistes », précise Sami Tahri. On souhaite également que les programmes de géographie et d'histoire revalorisent la cause palestinienne et la participation honorable et héroïque des leaders syndicalistes, tels Farhat Hached et Mohamed Ali El Hammi, au mouvement de libération nationale.
La nouvelle formule du salut au drapeau va coûter trop cher D'après le syndicat du secondaire, la nouvelle formule du salut du drapeau va coûter trop cher aux 1470 lycées et collèges du pays, dans la mesure où il faudrait acquérir (au moins) autant de drapeaux qu'il y a de salles de classe dans ces établissements, en plus des nouveaux cadres où sont insérés les 13 mots de la « Charte du patriote » ! On rapporte par ailleurs que dans certains lycées, l'administration a fait disparaître le drapeau qui flottait au milieu de la cour. Comme quoi il ne servirait plus à rien avec la nouvelle cérémonie organisée à l'intérieur des salles.
La retraite à 55 ans ? Sur la réforme des retraites, le syndicat du secondaire estime que l'enseignement doit être reconnu comme métier pénible et qu'un professeur de plus de 55 ans ne peut avoir le rendement souhaité dans un système éducatif qui aspire à l'excellence. « Nous imposer de continuer à exercer au-delà de 60 ans, c'est aller à l'encontre de cet idéal commun, affirme Sami Tahri».