La nouvelle année scolaire qui vient de commencer n'a pas manqué de charrier son lot de controverses et de polémiques. L'un des débats houleux de cette reprise concerne la nouvelle approche relative au cérémonial du salut du drapeau national dans les établissements du primaire et du secondaire. La mesure ministérielle recommande de procéder dans chaque classe à la lecture par le professeur du « serment du patriote » (un texte très bref) et ce, devant ses élèves qui reprendront le serment après lui, la main sur le cœur. Tout ce cérémonial se déroulant bien évidemment face à une réplique du drapeau national accrochée à un coin du tableau ! Pour les enseignants du secondaire dont nous avons contacté les représentants syndicaux, cette expression symbolique de l'attachement à la patrie trahit diverses lacunes dont la plus évidente est qu'elle en exclut ou en exonère les autres membres de la « famille éducative » (fonctionnaires et employés). « Est-ce de cette manière, se demande M. Sami Tahri, le secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire, qu'on soude les liens entre le personnel et les élèves des établissements scolaires ? » On déplore d'un autre côté que les mémoriaux et autres monuments symboliques édifiés à l'intérieur des cours des écoles et des lycées pour l'application de l'ancienne formule ne servent pratiquement plus à rien. De plus, le nouveau cérémonial risque-à cause, entre autres, des retards fréquents de certains élèves- de perturber les cours et d'écourter un peu plus la durée des séances matinales. En tout cas, l'immense majorité des professeurs n'a pas caché son opposition à la mesure ministérielle et leur syndicat propose de revenir à l'ancienne formule qui réunissait les élèves et le personnel de l'établissement, en exprimant néanmoins le vœu de voir la fréquence du cérémonial réduite à une seule fois par semaine. Brouillard informatif En ce qui concerne le temps scolaire et les vacances, ils considèrent que les nouvelles décisions ont été prises unilatéralement et que sur la plupart des questions cruciales touchant à la nouvelle rentrée des classes, les instances représentatives du corps enseignant n'ont pas été préalablement consultées. « Il n'y a pas eu non plus, ajoute M. Sami Tahri, de concertation avec les autres partenaires concernés par cette reprise (ministère du transport, parents d'élèves, etc.). Or, la rentrée des classes intéresse plus d'un acteur au niveau national. Cela dit, poursuit le responsable syndical, les administrations des établissements scolaires ne disposent d'aucun document officiel authentifiant les mesures relatives au cérémonial patriotique et au calendrier des vacances. On se fonde, pour les communiquer aux enseignants et aux élèves, sur des échos ou des directives transmises par téléphone ! » Nous en avons eu la confirmation de la part d'enseignants contactés mercredi dernier, jour de la rentrée. Pour l'anecdote, on rapporte que certains professeurs ne se sentaient pas obligés de reprendre les cours le 15 septembre dernier prétextant justement de l'absence de tout arrêté ministériel fixant cette date pour la rentrée officielle 2010-2011. Une rentrée très difficile pour certains En définitive, la nouvelle année scolaire ne commence vraisemblablement pas sur les chapeaux de roue pour l'ensemble des enseignants, peut-être démarre-t-elle encore plus difficilement pour ceux dont les emplois du temps sont surchargés et surtout pour les professeurs qui n'ont pu bénéficier d'une mutation à titre humanitaire ou pour rapprochement de conjoint. La dernière session tenue à ce sujet a débouché sur des résultats très décevants, selon le secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire. A preuve ces chiffres qu'il nous a lui-même communiqués : sur près de 2000 demandes de mutation pour raisons humanitaires, seules 180 ont été satisfaites. On nous a cité le cas d'une enseignante mère de famille qui exerce dans une autre localité que celle où travaille son mari alors que leur domicile (et donc leurs enfants) se trouve dans une troisième ville ! « Un tel éparpillement, s'interroge Sami Tahri, est-il de nature à favoriser une reprise studieuse et une concentration suffisante sur les cours à donner ? ». S'attaquer aux problèmes de fond On s'attendait par ailleurs à ce que le ministre de l'Education tienne, comme c'était la coutume à pareille époque, une conférence de presse au cours de laquelle il fait le point sur toutes les données relatives à la nouvelle rentrée. Exceptionnellement, cette rencontre n'a pas encore eu lieu. Il paraît que ce point de presse sera tenu incessamment. Nous avons par ailleurs appris que M. Hatem Ben Salem devait, vers la fin de Ramadan, intervenir à la télévision sur le sujet mais il paraît que l'émission prévue pour ce rendez-vous important avec les téléspectateurs a été reportée à une date ultérieure, probablement à la fin de la semaine courante. En tout état de cause, il règne une grande confusion au sein de la « famille éducative » appelée plutôt à voir clair à propos de l'essentiel du moins pour bien démarrer l'année. Dans ce sens, Sami Tahri appelle le ministère à faire prévaloir le bon sens et la sagesse dans ses décisions et invite ses responsables à ouvrir un débat national sur les vrais problèmes de l'enseignement en Tunisie. Pour lui, d'autres questions cruciales méritent tout autant, sinon plus que le temps scolaire et le salut du drapeau d'être abordées et résolues avant qu'il ne soit trop tard ! Badreddine Ben HENDA
Circulaire sur le salut au drapeau Nous venons d'apprendre que le ministère de l'Education a envoyé à tous les établissements scolaires la nouvelle circulaire sur les dispositions de la rentrée 2010-2011. Elle porte entre autres sur la cérémonie quotidienne du salut au drapeau dans sa nouvelle formule. Au sujet de la suppression du bac sport, aucun document officiel, n'a encore été communiqué aux administrations des lycées. Selon des échos qui nous sont parvenus sur cette mesure, elle se justifierait par les excès enregistrés parmi les élèves en marge de cette épreuve. Le syndicat du secondaire estime en revanche que le ministère dévalorise, par cette suppression du bac sport, une matière qui ouvrait bien des perspectives devant les bacheliers.