La journée de formation tenue à l'Institut de santé et de sécurité au travail (ISST) est venue à point nommé suite au drame de la collision des deux trains à Bir El Bey, pour éveiller les consciences sur l'importance de la prévention des risques professionnels dans le secteur du transport terrestre. En 2009, le nombre des accidents de travail survenus dans le transport terrestre est estimé à 29 sur 1000 employés, alors qu'il a été de 42 en 1995. Le nombre de ces accidents qui représentent 3% du total des accidents de travail est considéré faible, mais ils sont généralement graves en ce sens où ils provoquent une incapacité temporaire de 24 jours aux personnes qui en sont victimes. Faible incidence mais de graves dégâts « Les accidents de travail dans le secteur terrestre représentent 6,5% des accidents mortels du total des accidents. Et lorsqu'ils arrivent c'est un drame qui se solde soit par la mort soit par une incapacité qui s'allonge dans le temps», précise M. Sémir Ayedi le directeur de la prévention des maladies professionnelles à la CNAM, qui montre, chiffres à l'appui que ces accidents coûtent beaucoup aussi bien moralement qu'à l'Etat. Dans le même ordre d'idées, M. Hfaidh Rammah, médecin à l'ISST a signalé que les dégâts matériels des accidents de travail liés au secteur terrestre coûtent en moyenne 60 MD par tué et 12MD par blessé. Seule une politique préventive peut revoir à la baisse ces chiffres qui pèsent lourd aussi bien sur les mentalités que sur les caisses de l'Etat. C'est l'idée qui a fait l'unanimité des points de vue des spécialistes présents à cette journée de formation. « La politique de l'Etat consiste à aider les entreprises à investir dans la prévention des accidents de travail. Les subventions peuvent aller jusqu'à 50% du total des prêts donnés aux petites entreprises», souligne M. Ayedi. A cela s'ajoute la loi 99-71 du 20 juillet 99 du transport terrestre, accompagnée d'une panoplie de décrets et d'arrêtés … réglementant le secteur qui emploie d'une manière directe quelque 120 000 personnes soit 4% de la population active et incarne 15% du total des investissements. Il s'agit en fait d'un secteur stratégique qui n'est pas sans risque sur la santé des employés. Les pathologies liées au secteur du transport terrestre « Le secteur des transports terrestres est en plein essor. Dans notre pays le réseau routier est constitué de 19 300 km dont 12 655 km sont goudronnées et de 3 autoroutes de 370 km. C'est le lieu de travail des chauffeurs exposés particulièrement aux vibrations des véhicules occasionnant des pathologies au niveau du rachis, et également aux intempéries, aux agents chimiques et aux gaz d'échappement,… Il y a aussi les risques du stress qui affecte les psychologies des employés notamment pendant le travail de nuit, ou quand on est stressé à cause des délais de livraison ou que notre véhicule est suivi par GPS», souligne le Dr Rammah qui a présenté une communication ayant pour thème « Risques professionnels dans le secteur du transport terrestre ». Notre interlocuteur a, par ailleurs, brossé à grands traits le tableau des maladies qui peuvent toucher les personnes qui travaillent dans le secteur du transport terrestre dont les « lombalgies qui atteignent 8% des chauffeurs, les cervicalgies, les scapulalgies et autres TMS des membres supérieurs. Le risque environnemental n‘est pas à négliger puisque les transports terrestres sont les premiers émetteurs des gaz à effet de serre et autres polluants non biodégradables», continue-t-il. Le ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l'étranger, M. Naceur Gharbi, qui a présidé cette journée de formation a signalé, en effet, qu'il est question ici, de créer toute une stratégie nationale de la santé et de la sécurité professionnelle dont le but est de diminuer les accidents liés au travail à 20% et d'améliorer le diagnostic précoce des maladies liées au travail. « Les gens devraient avoir une culture médicale pour savoir si par exemple la surdité qui les affecte a une relation de cause à effet avec la nuisance sonore de leurs lieux de travail et de toucher par la suite à une indemnité qui leur reviendra de droit. » précise le ministre qui conclue « Chaque mort est un mort de trop. Si aujourd'hui on affiche une diminution du nombre des accidents de travail, on en est fier mais on doit résonner d'une manière qui nous fait penser qu'un accident de travail est , par ailleurs, une personne qui ne rentre pas à la maison». Il y a du pain sur la planche. Mona BEN GAMRA ----------------------- Des chiffres - En 2009, le nombre des accidents de travail survenus dans le transport terrestre est estimé à 29 sur 1000 employés, alors qu'il a été de 42 en 1995. - 8% des chauffeurs du transport terrestre sont atteints par la lombalgie - Le secteur emploie d'une manière directe quelque 120 000 personnes soit 4% de la population active et incarne 15% du total des investissements -L e réseau routier en Tunisie est constitué de 19 300 km dont 12 655 km sont goudronnées et de 3 autoroutes de 370 km