Par Bourguiba BEN REJEB - Finalement, et si on comprend bien, le sport d'élite est le plus souvent un vaste champ de dopage. Doper les résultats par les pouvoirs de l'argent étant devenu une vertu, des espèces de sorciers de la transfusion sanguine contribuent assidument aux succès les plus spectaculaires. Les plus réputés des sportifs de haut niveau ne sont plus exclusivement des exemples de vertu mais des pantins éphémères de la performance grassement payée. Les traders qui dopent artificiellement les marchés usent, semble-t-il, des mêmes stratagèmes, et pillent ainsi ce qui reste de la peau sur les os des moins nantis. Pour le reste, on nous raconte des salades, la nourriture végétarienne étant déclarée profitable au métabolisme humain. C'est probablement pour cette raison que des scientifiques britanniques ont voulu prendre au mot les dopés du monde sportif. Ils ont en effet testé la valeur « dopante » de la betterave, du vinaigre et du jus de cerise. Les résultats sont concluants : les performances sportives sont améliorées avec ces ingrédients. D'autres recherches suivront pour démontrer les bienfaits des navets et de la chienlit. On aura tout de même remarqué que les plus rompus à ce genre de cuisine nous répètent à longueur d'année qu'ils travaillent pour le respect des droits de l'Homme et de la Justice Universelle. Qu'ils le fassent aux dépens des Palestiniens, des Tchétchènes et de beaucoup d'autres ne change rien à leurs certitudes. Etant dopés aux salades vertes et pas mures, ils sont sûrs de gagner à tous les coups. Ils triomphent même quand les salades qu'ils nous servent laissent un goût amer d'assaisonnement mal réussi. Dans l'affaire Hariri du Liban, on raconte aujourd'hui, à voix basse il est vrai, qu'il y avait une grosse couleuvre au menu. Les délégués de la Justice internationale auraient en fait tenté, et réussi, une subornation de témoin. Il fallait bien un bouc émissaire, de préférence en accointance avec la Syrie et le Hezbollah pour faire plus vrai que vrai. Les condamnations internationales n'ont donc pas manqué de vigueur pour crier haro sur le baudet. Dans le bestiaire de la politique internationale, les animaux sont, comme dans la fable, toujours malades de la peste et les ânes coupables de tous les maux. Les ânes ne sont certes pas des anges, encore faut-il qu'ils soient punis pour les crimes qu'ils ont réellement commis. Mais maintenant que la salade libanaise est éventée et sent le roussi, les flatteurs de la jungle s'affairent au prochain menu, en appuyant sur la vinaigrette. Il y a fort à parier qu'au moment du dessert, les convives discuteront de la composition des prochaines salades. Ils trouveront bien à doper les consciences en jouant de la peur des foules. Mais certains desserts peuvent à la longue desservir ceux qui finissent par se mettre à table.