Juste à la veille des jeux olympiques de Pékin, c'est l'ancienne super vedette de l'athlétisme mondial qui fait son mea culpa. Lui aussi se serait dopé pour obtenir les performances devant lesquelles le monde entier s'était extasié. Le même athlète avait auparavant crié haut et fort que le sport qu'il pratiquait était propre et que devenir champion ne résultait que de l'effort soutenu et de sacrifices de toutes sortes. Maintenant, il déclare, l'air contraint et la mort dans l'âme avoir l'impression d'avoir été "naïf". Le mot est de lui, même quand ça ne paye pas cher les médailles acquises, les triomphes médiatisés et les gros pécules engrangés. Les naïfs sont peut être à chercher du côté des zélateurs d'un olympisme manifestement passé de mode, depuis bien longtemps. On avait déjà vu à la télé, récemment, une autre super naïve, super championne il n'y a pas longtemps. Américaine aussi, mais les champions "piqués" sont également répartis entre les nations ayant accumulé les médailles dans l'histoire des performances sportives de tous genres. Le tour de France avait popularisé l'idée de dopage, juste le temps de constater que les cyclistes n'étaient pas les seuls à gagner leur vie à la force des anabolisants. Pourtant, il a bien fallu continuer à aligner des équipes de fond et de demi fond dont on savait qu'elles se relayaient sur la piste en se faisant aider par la pharmacie placée à côté de la piste. Tout le monde savait, tout le monde continuait en redoublant de discours moraux sur les contrôles, de plus en plus sévères, puisqu'ils ne contrôlaient rien. Sinon, comment se fait-il que les acteurs eux-mêmes nous parlent aujourd'hui de pratiques qu'aucun n'avait permis de détecter sur le coup. Les rares cas qu'on avait donnés en pâture au grand public ne concernent finalement que les vrais "naïfs" qui n'avaient pas de couverture suffisante au moment des faits. Des gogos, en somme, fusibles sans envergure qui ont permis à l'arbre de cacher la forêt. Mais bon, promis juré, les contrôles seront infaillibles à la prochaine. Comme on n'arrête pas de le dire . A défaut de morale, il est indiqué de garder le discours moral. Il en est ainsi de toutes les activités humaines où il s'agit de mélanger les vessies et les lanternes. La politique internationale en offre un exemple quotidien qui doit servir d'exemple à tous les étages. C'est quand on nous parle dans les termes le plus insistants de démocratie et de droits de l'Homme, qu'on a intérêt à avoir la puce à l'oreille et le doigt sur la télécommande pour zapper. Il est d'ailleurs significatif que le terme de dopage soit en usage là où la réalité dépasse la fiction et lui fait un pied de nez. Ainsi, le cours du pétrole est dopé. Celui des céréales aussi, paraît-il. En clair, cela signifie que les plus opportunistes prélèvent des gains substantiels sur le dos du plus grand nombre. Les lois du commerce seraient ainsi faites: les plus malins dopent la bourse à leur profit et raflent la mise sous les applaudissements des naïfs, sidérés par autant de panache dans la réussite. Quelques péripéties plus loin, on retrouve les mêmes au top des fortunes qui ne cessent de croître. Les sportifs de haut vol donc des circonstances atténuantes. Il ne font que voler le succès par les mêmes méthodes. C'est grave, docteur?