Raouf KHALSI - Sujet récurrent et toujours reconduit : jusqu'où peuvent aller les chaînes radio ? Sur quels créneaux ont-elles les meilleures chances de survie et, finalement, par quel phénomène les chaînes télé satellitaires n'ont-elles pas réussi à les affaiblir ? Elles les ont même paradoxalement renforcées. Au moment où, comme visité par une illumination, Marconi inventait la radio (remarquer qu'il avait plutôt inventé le transistor puis la radio), il ne s'imaginait pas que ce petit moulin à paroles allait changer la face du monde. Et même la force de l'image n'a pas pour autant ravi leurs auditeurs aux chaînes radio du fait que celles-ci ont vite fait de se repositionner : la proximité. En Tunisie nous n'avions, au début, que la radio officielle imbattable dans son côté solennel, dans son langage codé et à connotations rituelles. Avec elle, survivait la radio en langue française, l'incontournable RTCI et qui s'est même étendue à d'autres langues : l'anglais, l'italien et l'allemand. Avec la radio des jeunes, et la radio culturelle « Tunisie Culture », il s'agissait et il s'agit encore de faire une radio institutionnelle, publique, et donc, quelque part, dépendante de certaines pesanteurs stéréotypées. Et c'est logique et tout à fait normal. Cela fait que pour sortir des sentiers battus les Tunisiens allaient vers radio Monte-Carlo, par exemple, ou encore Medi 1. C'est qu'il y avait un besoin d'aller au-delà de ce que proposent les ondes locales. Ce besoin, aujourd'hui, est, en partie, satisfait par cette profusion de chaînes privées – généralistes et thématiques – et de chaînes régionales et qu'on peut même suivre via internet à Tokyo et à Washington. C'est qu'on avait compris que les Tunisiens sont d'abord curieux autour d'eux, dans les sphères à travers lesquelles ils gravitent … En un mot dans leur vécu quotidien. Mosaïque a, sans doute, montré la voie. Elle a surtout eu l'intelligence de ne pas se mettre dans une logique concurrentielle avec la radio nationale. C'est aussi le cas de Jawhara FM. Et puisque les ondes se lèvent pour tout le monde « Shems F.M », évite, à son tour, de lui faire de la concurrence, même si le marché de la Pub impose ses règles à tout le monde. Entre temps, la Radio Zitouna lance, la première, un concept thématique, valorisant les sacrements religieux basés sur la tolérance tels que pratiqués dans notre pays… Et cela prouve que, contrairement à ce que nous croyions, il y a de la place pour les radios, pour les télévisions et pour les journaux… Encore, faut-il dégager le bon grain de l'ivraie et savoir répondre à un besoin de qualité que ravalent les Tunisiens, vraisemblablement, déçus par certains relents de mimétisme populiste que s'échangent des émissions télés uniformisées (quoique distillées par des chaînes différentes) et des feuilles de choux faisant dans le sensationnel primaire.