Le Temps-Agences - Les commémorations du 15e anniversaire de l'assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin par un extrémiste de droite débutaient hier dans une atmosphère de malaise et de polémiques qui remettent en cause l'héritage politique de cette icône du camp de la paix. La controverse n'épargne pas son propre Parti travailliste (centre-gauche), dont Rabin fut une des plus hautes figures. Une députée du parti, Einat Wilf, a brisé un tabou en proposant de retirer le portrait du Premier ministre assassiné qui trône dans la salle de réunion du groupe travailliste à la Knesset (Parlement). Le bureau du ministre de la Défense et chef du Parti travailliste, Ehud Barak, a pour sa part fait savoir qu'il n'était pas question de retirer le tableau représentant Yitzhak Rabin. Rachel Rabin, la sœur du Premier ministre, s'est aussi élevée contre cette initiative, assurant que "Yitzhak représente de façon la plus éminente la conception politique et sociale du Parti travailliste". Vieille ennemie de Rabin, l'extrême-droite, qui a le vent en poupe dans les sondages, mène une offensive médiatique visant à se dédouaner de toute responsabilité dans son assassinat, alors que le meurtrier, Yigal Amir, est sorti directement de ses rangs. Le 4 novembre 1995, dans le but de saboter les accords de paix israélo-palestiniens d'Oslo (1993), Amir, un extrémiste religieux, avait abattu de trois balles dans le dos le Premier ministre à l'issue d'un rassemblement pacifiste à Tel-Aviv. Aroutz 7, une radio de colons, a ainsi lancé récemment une campagne invitant ses auditeurs à apporter leur "contributions" sur les zones d'ombres qui entourent encore l'assassinat. Cette opération a pour objectif d'étayer les thèses du complot, selon lesquelles Yitzhak Rabin n'aurait pas été la cible d'un extrémiste de droite mais la victime de sombres manoeuvres ourdies par des cadres du Shin Beth, le service de sécurité intérieure. Parallèlement, une autre campagne est organisée pour tenter d'obtenir la révision du procès de Margalit Har Shefi, reconnue coupable de ne pas avoir informé les autorités à temps du projet d'assassinat dont elle avait eu connaissance. Elle a passé six mois en prison pour ce délit.