La soirée de dimanche 24 octobre dernier a vu se produire sur la scène de l'Acropolium un habitué de la scène tunisienne, le pianiste Thomas Rosenkranz. Avec le concours de l'ambassade des Etats-Unis en Tunisie. L'artiste est venu déposer une once d'émotion dans la seizième édition de l'Octobre musical avec un programme dense où le piano s'est exulté pour le plaisir des convives… Une émotion et puis cette musique enivrante où le sacré s'impose peu à peu. La composition interpelle, le jeu nous introduit dans le monde particulier d'Olivier Messiaen à travers « Vingt regards sur L'Enfant Jesus ». Léthargique, profonde avec son phrasé et son silence, la composition était interprétée avec cette émotivité nécessaire qui rendait chaque note, une procession, une prière peut-être, qui atteint l'excellence. Le morceau signé Messiaen fut talonné par l' « Appassionata » de Ludwig Van Beethoven lors duquel le pianiste a réinvesti une partition atavique dont les rythmes, balançant entre allegro et andante, ont bercé l'oreille des mélomanes. Dans sa deuxième partie, Thomas Rosenkranz a revisité l'univers de Gershwin. « Embraceable you » et « Rhapsody in Blue » ont scandé la seconde partie dans un jeu virevoltant où le piano imposait le silence pour un moment de pur bonheur pour les dizaines de mélomanes présents dans la salle. L'oreille s'est laissé transporter dans le monde de Rosenkranz tel qu'il le dessinait. Un monde de notes et de partitions d'hier et d'aujourd'hui, un monde fait de sacré et de profane où le léthargique rejoint le païen. Habitué de la scène tunisienne, celle du Théâtre Municipal et de Carthage, Thomas Rosenkranz a marqué la scène de l'Octobre musical avec sa sensibilité et son talent qui lui ont fait parcourir les plus prestigieuses scènes du monde. Rendant hommage à la Tunisie, il repris l'air de « Sous le Jasmin, la Nuit » auquel il rajouta sa touche personnelle. Cette reprise quoique applaudie n'était pas nécessaire car la chanson n'est ni connue d'une grande partie du public (composé principalement d'étrangers) ni ne fait partie d'un répertoire classique. Etre proche des autochtones du pays hôte ne nécessite pas une réappropriation d'une chanson « populaire » mais dans l'évasion à la fois simple et complexe que le talent du pianiste est capable de produire sur son auditoire. Ainsi, une nouvelle soirée de la seizième édition de l'Octobre musical a vu se produire un artiste mondialement connu. Une soirée qui a ravi par le son du piano ; un piano solo dont l'intimité a ravi les cœurs…