Vendredi 29 octobre dernier, le rideau de la seizième édition de l'Octobre musical s'est baissé sur les airs du piano. Pour cette soirée de clôture l'Acropolium de Carthage et l'Institut Cervantès de Tunis ont invité le pianiste Ambrosio Valero pour un concert riche en émotions, dense dans sa programmation… Dans la pénombre de la salle des concerts, le piano trônait sur la scène. Un piano qui emplira la salle de notes fortes ou mélodieuses, d'intensité et de gaieté sous les doigts de Ambrosio Valero. Le programme proposé était essentiellement espagnol avec les œuvres de Enrique Granados dont «La Maya y el Ruisenor» a ouvert le concert, Isaac Albeniz, Federico Mompou, J. M. Hidalgo dont les mouvements du «Preludios» ont été interprétés en première mondiale à l'Octobre musical. Des œuvres qui ont côtoyé celle de Domenico Scarlatti, Frédéric Chopin et Robert Schumann. À travers les différents mouvements des compositions, Ambrosio Valero a su capter l'attention de l'assistance, suscitant l'enchantement, extirpant l'émotion ou exacerbant le ravissement dans une interprétation chargée de sensibilité et d'une maîtrise de l'instrument. Entre le piano et l'artiste, une complicité s'est instaurée dont le fruit fut cette variation de thèmes qu'un jeu virevoltant ou calme a mis à l'honneur et que la transcendance de l'âme fut le couronnement. La composition de Granados fut la plus longue du programme. Elle occupa presque la totalité de la première partie. Les divers mouvements qu'elle comprenait laisser entrevoir le génie créateur du compositeur et le talent du pianiste. Plus variée et plus hétéroclite, la deuxième partie du concert a plus de répondant de la part du public. Malgré quelques imperfections notamment au début de la « Ballade » n°4 de Chopin, une heure et demie en compagnie du piano de Ambrosio Valero était un moment privilégié où le voyage à travers quelques œuvres du XIXème et XXème siècles était une revisite de l'histoire d'un pan des deux siècles. Une revisite qui s'acheva, lors du rappel, par la « Nocturne » n°3 de Frédéric Chopin, le compositeur et pianiste qui accompagna tout l'Octobre musical à l'occasion de la célébration du 200ème anniversaire de naissance. C'est sur les notes de Chopin que prit fin la seizième édition de l'Octobre musical. Une édition qui a vu se produire une kyrielle d'artistes dont le génie de certains demeurera dans les annales de l'Octobre musical et le talent des autres dans l'esprit des mélomanes. Rares étaient les concerts en deça de l'attendu, nombreux furent les moments où les artistes ont su happer le cœur et l'âme des convives. Demeurera aussi inébranlable, le souvenir de la soirée au profit des « Enfants de la Lune » et la générosité de cœur des artistes et des convives sans oublier celle du directeur de l'Acropolium. S'imposant sur la scène culturelle, drainant un peu plus de curieux et d'amateurs de grande musique chaque année, l'Octobre musical est devenu un rendez-vous automnal incontournable avec le ravissement et l'excellence, le génie et le talent enfin du passé mis à l'honneur dans un lieu qui défit les affres du temps. Ainsi s'achève une autre session de l'Octobre musical mais l'adieu de la seizième édition n'est en réalité qu'un au revoir car l'esprit se tourne et s'interroge sur les surprises que nous réservera la dix-septième édition de l'Octobre musical…