Après avoir été condamné en novembre 1925 au bannissement par un tribunal ad hoc, chargé par les autorités coloniales d'exterminer tous ceux qui avaient dénoncé les conditions d'injustices subies par les travailleurs tunisiens entre autres, M'hamed Ali fut embarqué avec quelques uns de ses camarades, pour l'Italie. A ceux qui étaient venus lui dire adieu il exprima son amertume et sa profonde déception, d'autant plus que les membres du vieux Destour, le taxant de communiste, lui avaient fait faux bond. Arrivés à, Naples, il fut gardé avec ses camarades en résidence surveillée pour qu'ils fussent acheminés par la suite en Turquie via la Yougoslavie. Mais en Turquie, M'hamed Ali fut également refoulé par les autorités et expulsé à Port Saïd en Egypte. De là, il prit la direction de Tanger, dans l'intention de rejoindre les hommes de Abdelkrim Khatabi, le révolutionnaire marocain bien connu. Dénoncé, il fut arrêté et jeté en prison en février 1926. Expulsé de nouveau, il gagna la ville de Marseille à bord d'un paquebot français. Cependant, il fut empêché de rejoindre un parent à lui qui résidait à Paris à l'époque. En ce qui concerne son déplacement en Egypte, certains historiens tunisiens affirment que ce fut le militant Thaâlbi qui l'avait aidé à le faire, celui-ci ayant des relations dans ce pays. Cependant, que d'autres restent dubitatifs, surtout que Thaâlbi était membre du Destour et qu'il aurait été parmi ceux qui avaient saboté l'action de M'hamed Ali, ou en tous cas, n'avaient rien fait pour lui prêter main forte. En fin de cours, il avait échoué en Arabie Saoudite, ayant trouvé un travail en tant que chauffeur de bus. En l'occurrence, des historiens tunisiens affirment également qu'un Emir saoudien lui avait proposé un poste administratif important, mais M'hamed Ali avait refusé préférant ne pas s'engager dans une profession qui affecterait sa liberté. Il aurait également avant d'entamer la profession de chauffeur de bus, donné des cours d'économie politique à l'Institut islamique saoudien, en reprenant un ouvrage d'économie en langue allemande réalisé par un Allemand converti à l'Islam. Le 10 mai 1928, M'hamed Ali périt dans l'accident du bus qu'il conduisait sur la route de Jeddah. Comment a été reçue en Tunisie, la nouvelle de la mort de M'hamed Ali El Hammi ? Ce fut la consternation ressentie par tous ceux qui l'ont apprécié et soutenu mais celle-ci était mêlée d'une certaine réticence, voire une certaine crainte à dévoiler leurs sentiments à cause des sévices et exactions que faisaient subir les autorités coloniales à tous les militants et leurs sympathisants, mais également étant donné le rejet des idées de M'hamed Ali par certains militants dont les membres du vieux Destour. Toujours est-il que certains journaux de l'époque avaient annoncé la mort de M'hamed Ali même si c'était quelques jours plus tard, pour faire l'éloge par la même occasion du précurseur du syndicalisme tunisien. Le journal « Al Wazir » titrait à la Une de son tirage du 7 juin 1928 : « Le défunt martyr : le Docteur M'hamed Ali El Hammi ». Quant au journal « Assawab », il annonçait dans son numéro du 15 juin 1928 : « La Tunisie consternée par la disparition du Docteur M'hamed Ali El Hammi ». L'un et l'autre de ces deux journaux présentaient M'hamed Ali comme le militant syndicaliste qui défendit avec ferveur et témérité les droits des travailleurs tunisiens. « La ville de Gabès a donné naissance à un grand homme versé dans le domaine économique et qui de ce fait avait préconisé la meilleure solution, en vue d'améliorer la situation des travailleurs appartenant à tous les secteurs économiques. Pour comble de malheurs, le père de M'hamed Ali, comptait rencontrer son fils à Jeddah où il se rendait en vue d'accomplir le pèlerinage. Mais il fut terrassé en apprenant la mauvaise nouvelle à son arrivée, une semaine plus tard, aux Lieux Saints. Finidori, le syndicaliste de la CGT qui soutint M'hamed Ali dans son action militante, notamment lors des mouvements de grèves des dockers à Bizerte, écrivait dans le journal « L'avenir social » : « M'hamed Ali n'était pas un communiste, mais un homme qui aimait sa patrie et dont le seul but était de constituer un syndicat libre, dans une patrie libre, qui est la sienne. Il était un vrai syndicaliste et un militant sincère ».