Par Raouf KHALSI - [email protected] - C'est le creux de la vague. Ou, plutôt, nous touchons le fond. Et les horizons sont obscurs. Rien, en effet, ne laisse présager une embellie. Et certainement pas avec de telles structures, ces mêmes hommes et ce même entraîneur. Rétrospectivement, tout un chacun mesure les conséquences, désormais avérées, des outrances ayant jeté Kamel Ben Amor et son équipe à la vindicte populaire. Ici, même, ingénument, (nous le reconnaissons après coup), nous titrions « Messieurs, démissionnez ! ». Cela nous a-t-il fait une belle jambe, observateurs et médias confondus, que d'avoir eu la tête de Kamel Ben Amor ? Et finalement, par quel bureau a-t-on remplacé l'ancien ? Non, il est temps que cessent cette personnalisation des structures du football et ce clientélisme, dont la seule victime ne peut être que l'Equipe nationale. Et celle-ci relève de qui, en fin de compte ? Qui en est responsable ? A qui Marchand doit-il rendre des comptes ? Du coup, une espèce de nostalgie morbide, espiègle et malfaisante rebondit. Coelho et Marchand nous font finalement regretter … Lemerre. Cela veut dire aussi, que nous le voulions ou non, l'Equipe nationale ou toute autre équipe de club, dépend dans les points névralgiques, du métabolisme de son entraîneur. Avec Lemerre et son alter-ego, Maâloul, il y avait un projet. Il y avait un championnat plus compétitif. Il y avait un Hammouda Ben Ammar à la tête de la fédération. Nous n'étions pas toujours d'accord avec lui, il est quand même d'une autre dimension. « Coup de chance la conquête de la coupe africaine », s'est-on mis à raconter par la suite pour minimiser les mérites de Lemerre et de la fédération de l'époque. D'abord, c'est de l'aigreur pure et simple. Ensuite, à supposer que ce fût vrai, la chance sourit à ceux qui la méritent… Puis, après des mois de bras de fer pour « sortir » élégamment Lemerre, M.Coelho – qui n'est pourtant pas n'importe qui, lui – non plus - s'installe et installe avec lui une sorte de frilosité excessive. La différence avec Lemerre c'est que autant celui-ci se sentait inaccessible et se plaçait au-dessus de la mêlée, autant le Portugais demeurait terre à terre, manifestant un besoin quotidien de légitimation et de réconfort. Il n'avait donc pas confiance en ses moyens. Puis, vint l'équipe d'Ali Hafsi. Un style particulier et d'emblée, une « appropriation arrogante » de l'Equipe nationale. Après les regrettables tribulations avec Benzarti (regrettables, car c'était autant de temps perdu), on fait venir Marchand qui n'a jamais remporté de championnat en Tunisie et qui ne doit un moment de gloire africaine qu'à l'Etoile de Moëz Driss. Là aussi, et c'est curieux, il succédait à… Faouzi Benzarti. Et maintenant, après le camouflet d'hier, que fera le bureau d'Ali Hafsi ? En tous les cas, quelqu'un doit bien démissionner entre Marchand et le bureau fédéral. Sinon, comme le veulent des pratiques rétrogrades en football tunisien, le bureau fédéral devrait réfléchir à la manière dont il devra « démissionner » Marchand. Par qui le remplacer ? Curieux, tel le Comte de Monte Cristo, les traits ténébreux de Lemerre surgissent à travers les éclairs furieux du ciel orageux de la sélection nationale…