Raouf KHALSI - [email protected] - Le collège des cardinaux et le Sénat de l'Eglise étaient consultés, vendredi dernier, au Vatican, par le Pape Benoît XVI, sur quatre dossiers brûlants. C'est du moins ce qu'annonçait le programme ou plutôt l'ordre du jour. Il s'agissait (premier dossier) d'analyser l'efficacité de la structure ad hoc annoncée il y a un an et qui permettrait d'accueillir dans l'Eglise catholique des « Anglicans » excédés par les révolutions internes de leur Eglise. Il s'agissait aussi (deuxième dossier) de revenir sur un document intitulé : « Dominus Jesus » publié par un certain Joseph Ratzinger (oui, le Pape actuel) et dans lequel il proclamait le prééminence de l'Eglise catholique sur toutes les autres églises. Cela créa des tensions entre théologiens catholiques et protestants. Il n'empêche, le Vatican le remet au goût du jour comme pour prouver que dix ans après, le Pape Benoît XVI réconforte… le cardinal Ratzinger dans ses visions fédératrices. Le troisième dossier – de moindre importance théologique – prône une réforme liturgique aux termes de laquelle la messe serait dite en latin. Le Vatican ne cache pas que c'est un terrain miné, raison pour laquelle la réforme se fera doucement. Le quatrième – de taille - se penchera sur l'ampleur prise par la crise pédophile impliquant bon nombre de prêtres. Mais voilà que, contre toute attente, et déviant des points inscrits à l'ordre du jour, on s'étend aux relations avec l'Islam, mais sous un angle fallacieux, réducteur même. Car, l'approche tend à insister encore et davantage sur les appréhensions et les inquiétudes des Chrétiens du Moyen-Orient face à ce qu'ils appellent « la montée de l'Islam radical ». On fait référence bien sûr à l'attaque - condamnée par les Musulmans - de l'Eglise syriaque catholique à Bagdad. Cette attaque, rappelons-le, survenait après quinze jours du synode sur le Proche-Orient, animé par des évêques et des experts de dix pays de la région. Le monde musulman avait condamné cette attaque en tous les cas avec beaucoup d'intensité et d'indignation que n'en ait manifesté le monde chrétien à l'incendie d'Al Qods Acharif. Et puis, « parler de climat de peur » et d'intolérance structurelle et juridique à l'endroit des Chrétiens du Moyen-Orient est exagéré. Car il ne faut jamais confondre entre religion et nationalisme. Et si dans cette région névralgique du monde, berceau des trois grandes religions monothéistes, le sang coule et coulera encore, c'est parce qu'Israël est en train de bafouer toutes les sacralités. C'est plutôt de ce côté-là qu'il conviendrait de parler de « climat de peur »… Car l'Islam, le vrai, c'est celui qui a réuni des millions de Musulmans, de tous les pays sur le Mont Arafa. Et c'est de ce côté-là qu'il faut rechercher « le climat de paix ».