Les enfants qui ont assisté dimanche dernier au spectacle de Hafedh Khlifa, à la maison de la culture Ibn Rachiq, se sont beaucoup amusés pendant plus d'une heure. Le one man show « Clown » a également fait rire les adultes qui les accompagnaient. C'était en effet, très drôle, ingénieux et généreux. Hafedh Khlifa a fait preuve d'une grande maîtrise de son art et a réussi tout ce qu'il entreprenait. Beaucoup de présence d'esprit, beaucoup d'humour, un professionnalisme indéniable, un savoir-faire et une habileté de prestidigitateur, une occupation de la scène quasi parfaite et des talents incontestables d'acteur et de pédagogue à la fois : toutes ces qualités ont progressivement charmé le public des petits et des grands, lequel-il faut le reconnaître- s'attendait à un tout autre spectacle du genre débilitant qu'on donne dans les cirques d'amateurs. Hafedh Khélifa a su nous étonner, nous émouvoir et bien entendu nous faire rire aux larmes. Son jeu essentiellement interactif s'est enrichi de séquences très spontanées animées par des enfants qui finirent par tenir un rôle de premier ordre dans la réussite du spectacle et par inspirer à l'acteur des vannes génialement amusantes. Comme lorsqu'il invita sur scène le petit Ayyoub dont l'innocente maladresse fut très intelligemment exploitée sans que l'enfant n'en soit ni offensé ni ridiculisé. D'autre part, ces « comédiens » d'une matinée ont eu tous droit à des cadeaux ingénieusement conçus sur scène par Hafedh Khélifa si bien qu'à la fin on compta près d'une dizaine de frustrés qui regrettèrent de ne s'être pas prêté au jeu plus tôt. Mais c'était sans compter avec la générosité du Clown qui leur confectionna à la fin du spectacle divers objets charmants avec ses baudruches malléables à souhait. Hafedh reçut même des invitations à se produire ailleurs. Le public était relativement rare, certes, mais les absents avaient tort : avec son « Clown », ce merveilleux acteur nous gratifia d'un spectacle très original qui méritait amplement la longue, la très longue ovation dont le récompensèrent les spectateurs, entièrement conquis. Badreddine BEN HENDA ----------------------------- Entretien avec Hafedh Khélifa, interprète et réalisateur : « Une autre idée du clown et de son jeu… » -Le Temps : Tout d'abord, bravo pour ce spectacle qui nous a tous épatés. Mais daignez, s'il vous plaît, répondre à deux petits reproches : Vous avez souvent fait référence sur scène à des artistes, à des acteurs et à des films avec lesquels votre très jeune public n'était pas forcément familiarisé. N'était-ce pas là une anomalie à laquelle il fallait remédier avant de vous produire devant des enfants ? Vous devez savoir que mon spectacle est destiné initialement à un public d'adultes censé connaître les personnalités et les films que je cite. Avec ce spectacle que j'ai créé il y a dix ans en Italie et qui a fait un peu le tour de Tunisie depuis, je voulais donner une autre idée du clown et de son jeu. C'est peut-être cela qui dérange au début, mais vous avez constaté que je me suis quand même rattrapé en programmant du mezoued et une chanson très rythmée connue par cœur aux quatre coins du monde. Cela dit, les noms de Clint Eastwood, Tom Cruise, James Bond, Beethoven, Mozart, des titres comme « Titanic » et « Mission Impossible », c'est tout de même universel ! -Et votre clin d'œil de la fin, quelque peu méchant, à l'adresse de certains créateurs de one man shows, n'était ce pas gratuit ? Je pense au contraire qu'il faut combattre une certaine médiocrité qui commence à gangréner le genre et à le dévaloriser. De plus, ce qui m'a révolté chez ces gens, c'est qu'ils accordent trop d'importance au cachet. Personnellement, je n'ai posé aucune condition pour me produire ici, à Ibn Rachiq, et je ne sais même pas combien je vais toucher ! Dieu sait pourtant que j'ai sérieusement préparé mon spectacle. Je dois d'autre part reprendre tout de suite ma route en direction de Douz pour honorer d'autres engagements !