• Washington dénonce une publication «irresponsable et dangereuse» - Le Temps-Agences - Sous le choc et embarrassées, les diplomaties mondiales cherchaient hier à organiser la riposte, au lendemain de la divulgation par des médias d'une partie du contenu de 250.000 câbles diplomatiques américains récupérés par le site WikiLeaks. Informations selon lesquelles l'Iran a obtenu auprès de la Corée du Nord des missiles très performants, jugements peu amènes sur les principaux dirigeants mondiaux... les documents ont déclenché une onde de choc aux conséquences encore imprévisibles. Alors que les premières fuites de WikiLeaks, en juillet sur l'Afghanistan et en octobre sur l'Irak, contenaient peu d'importantes révélations, ces documents jettent une lumière crue sur les coulisses de la diplomatie. A tel point que le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini a dit craindre un "11-Septembre de la diplomatie mondiale", faisant "sauter tous les rapports de confiance entre les Etats". Les partenaires de Washington reprenaient hier la position défendue par la Maison Blanche, qui a dénoncé une publication "irresponsable et dangereuse" qui pourrait faire courir des risques mortels à des individus, tout en relativisant la portée des documents. Londres a condamné "toute publication non autorisée d'informations classifiées" pouvant "mettre à mal la sécurité nationale", tandis que le ministre italien de la Défense, Ignazio La Russa, a qualifié hier les documents de "piètres ragots". L'Allemagne a jugé que ses relations avec les Etats-Unis "ne devraient pas être endommagées sérieusement", de même que l'Afghanistan, en dépit de documents décrivant le président Hamid Karzaï comme "faible" et son frère Ahmed Wali comme un baron de la drogue corrompu. Si l'ONU n'a pas voulu commenter directement la collecte d'informations par les diplomates américains sur ses fonctionnaires, le chef de la diplomatie belge, Steven Vanackere, a critiqué une "confusion entre le travail diplomatique et l'espionnage". La Russie - qualifiée d'"état mafieux virtuel" - éprouve du "regret" après ces fuites, mais n'en fait pas une "tragédie". Les documents révèlent la très grande inquiétude des pays arabes face au programme nucléaire iranien. Ces informations sont susceptibles de créer de nouvelles tensions dans la région. "Tout cela est très négatif. Ce n'est pas bon pour bâtir la confiance", a réagi un conseiller gouvernemental saoudien sous couvert de l'anonymat. Ces derniers jours, la diplomatie américaine avait tenté de limiter les dégâts en alertant plus d'une dizaine de pays, afin de préparer leurs gouvernements. "La fuite des câbles américains déclenche une crise diplomatique mondiale", affirmait même hier The Guardian (Grande-Bretagne), qui a eu accès aux documents de WikiLeaks, comme quatre titres de référence de la presse mondiale. WikiLeaks affirme avoir voulu souligner la "contradiction" entre la position officielle américaine et "ce qui se dit derrière les portes closes". Ainsi, Nicolas Sarkozy est décrit comme "susceptible et autoritaire", Silvio Berlusconi comme "irresponsable", Angela Merkel comme faisant "rarement preuve d'imagination" et Vladimir Poutine est qualifié de "mâle dominant". ------------------ Paris «solidaire» de Washington Le Temps-Agences - Le porte-parole du gouvernement, François Baroin, a considéré comme «une menace» la publication par WikiLeaks de documents secrets et dit que la France est «très solidaire de l'administration américaine». De son côté, l'Elysée a fait savoir qu'il ne souhaitait pas réagir à ces révélations. «Nous sommes très solidaires de l'administration américaine sur la volonté d'éviter ce qui, non seulement porte atteinte à l'autorité des Etats, à la qualité de leurs services, mais met en danger des hommes et des femmes qui ont travaillé au service du pays», a déclaré Baroin sur Europe 1. Il a indiqué que le gouvernement français avait «été informé par les autorités américaines de la réalité de ces publications». «Il faut qu'on soit très attentifs et très solidaires au niveau des Etats pour lutter contre ce qui est une menace» contre «l'autorité et la souveraineté démocratique», a-t-il insisté. Selon le ministre, s'il y avait un tel site en France qui révélait des secrets d'Etat, «il faudrait être intraitable», le «poursuivre». «Moi j'ai toujours pensé qu'une société transparente, c'était une société totalitaire», a dit le ministre. «La protection des Etats, c'est quelque chose de sérieux, c'est la protection des hommes, des femmes, des citoyens» qui est en jeu, a expliqué le porte-parole. ------------------ Ahmadinejad : «Une opération organisée par les USA» Le Temps-Agences - Les fuites de Wikileaks évoquant des appels arabes en faveur d'une frappe américaine contre les installations nucléaires de l'Iran constituent une «manipulation orchestrée par Washington», a estimé hier le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. «Nous n'accordons aucune valeur à ces documents», a déclaré Mahmoud Ahmadinejad lors d'une conférence de presse. "Ils n'ont pas de valeur légale. L'Iran et les Etats de la région sont amis." Le président iranien a estimé que les fuites constituaient une opération "organisée" par les Etats-Unis pour semer le trouble entre l'Iran et ses voisins arabes. ------------------ Réexamen des procédures de la protection des informations classées Le Temps-Agences - Après la publication de milliers de câbles diplomatiques américains par le site WikiLeaks, l'administration Obama vient d'ordonner aux agences gouvernementales américaines de passer immédiatement en revue les procédures de protection des informations classées. Selon un mémo obtenu hier par l'Associated Press, le Bureau de la Gestion et du Budget (OMB) demande aux agences fédérales de mettre en place des équipes chargées d'évaluer les mesures de sécurité pour veiller à ce que leurs employés n'aient pas accès à davantage d'informations confidentielles que ne le requiert leur travail. Le directeur de l'OMB Jacob Lew prévient que l'incapacité des agences à protéger des informations classées secrètes est inacceptable et ne sera pas tolérée. Il observe que la fuite de documents du Département d'Etat sur WikiLeaks a causé des "dommages significatifs" à la sécurité nationale.