A quelques petites encablures de l'échéance fatidique, une frénésie particulière s'est d'ores et déjà emparée de toutes les parties prenantes : élèves, parents et à un degré moindre enseignants et administration. Nous nous limiterons seulement à analyser le comportement des deux premiers ; car le rôle de l'instit en dehors des cours particuliers accélérés dispensés dans ces circonstances est pour ainsi dire terminé ; quant à celui de l'administration, il est surtout d'ordre organisationnel, assurant une logistique idoine pour veiller au bon déroulement des épreuves.
Prudence Les parents en cette période s'emballent tel un pur sang ruant dans les starting-box ! Discipline de fer à la maison imposée à la fratrie et aux visiteurs éventuels conférant à la demeure l'aspect d'un monastère Moyen-âgeux ; mets ciblés préparés spécialement à l'honneur du candidat, à base de poissons pour l'intelligence, grillades, fruits de mer, jus de fruits, lait de chèvre, etc. Attentions de nature à indisposer le futur bachelier car prodiguées uniquement à son endroit au détriment de ses frères et sœurs et qu'il finira toujours par partager avec eux. Par ailleurs, pareilles prodigalités sont onéreuses et nécessitent des efforts et des sacrifices gigantesques de la part des géniteurs pour les lui assurer ; autre source d'embarras pour lui, parfaitement au fait de la situation financière des siens. Ce changement radical du train de vie suivi par les parents est de nature à mettre une pression supplémentaire sur les déjà frêles épaules d'un gosse fragilisé par le sacro-saint Bac approchant à pas de géant.
Stress Revirement tangible également dans la manière de procéder des candidats ; s'imposant de nouvelles règles à suivre le moins que l'on puisse dire erronées. Du jour au lendemain, ils se réunissent en un groupe plus ou moins nombreux pour entamer la révision finale. Bévue monumentale, car ce n'est nullement à quelques petites semaines du jour J qu'on s'amuse à se mettre à travailler en équipes ; pareille pratique aurait dû être adoptée depuis l'entame de l'année scolaire et non à son épilogue. Et puis cette question : est-ce que le nombre des heures en nocturne est supérieur à celui, diurne pour qu'on opte pour ce travail à l'apport discutable de nuit ? Pour lutter contre le sommeil, la fatigue, tous, filles ou garçons, ont recours aux stimulants : des litres de café concentré, de thé noir que les maçons eux-mêmes qui en sont champions chapitre consommation, répugnent à y goûter tellement il est fort et amer. La cigarette est également présente en force et confère à l'enceinte confinée (close de peur d'être surpris) davantage d'oxyde de carbone dont la « vertu » capitale est d'obstruer les esprits, les envelopper dans une sorte de gangue ouatée incitant à la déconcentration à la béatitude. Vous avez certes des élèves physiquement en éveil, avec des yeux grandement ouverts, mais physiologiquement absents, ne retenant absolument rien de ce qu'ils croient avoir assimilé !
Et puis ? En pratique, et dans le dessein que ces quelques petits jours qui nous séparent de l'échéance terminale soient bénéfiques et rentables, certaines directives sont à suivre pour les uns et les autres : Les parents se doivent de s'abstenir d'exercer une pression supplémentaire sur les candidats ; point de régime culinaire spécial. Il va sans dire que nos plats habituels quotidiens sont largement équilibrés et suffisants pour les besoins énergétiques des gosses ; et ce, quelle que soit la classe socio-économique de la famille d'appartenance : couscous, richta aux légumes, chakchoukit khodhra, pâte etc. Assurer la quiétude et une tranquillité relative chez soi sans pour autant verser dans les excès. Se priver éventuellement de la retransmission d'un match de Football pour ne pas perturber les révisions n'est pas un sacrifice au dessus de nos moyens. Mais surtout ne pas mettre le gamin au pied du mur avec cette terrible menace à peine voilée : « je ne comprends rien, le bachot ou un été d'enfer en perspective pour toi ! ». Volet élèves, surtout respecter le cycle physiologique du sommeil, se lever assez tôt, travailler par tranches de deux heures entrecoupées par une petite collation et quelques exercices de stretching (étirement), une sieste après le déjeuner même si on n'a pas sommeil ; et être au lit au plus tard à 23H. Boire beaucoup, et prendre suffisamment de fruits. Ne point dramatiser et se dire qu'on ne posera sûrement pas des questions non déjà étudiées au courant de l'année ! Un conseil capital, ne point succomber à la tentation du copiage, la sentence est lourde, très lourde : 5ans de privation de participation à l'examen ! Et bonne chance à toutes et à tous.