Par malek SLIM - Les droits d'inscription aux universités britanniques sont passés du simple au double voire au triple dans certains cas. Les frais d'inscription peuvent atteindre neuf mille livres sterling, l'équivalent de 20.000 dinars tunisiens ! Cette mesure décidée par le gouvernement Cameron a fait l'objet d'un débat parlementaire parfois houleux entre l'opposition travailliste et les députés de la coalition des conservateurs et libéraux-démocrates, mais la loi a été quand même votée vendredi dernier par une courte majorité. Certains libéraux-démocrates ont préféré s'abstenir ou même voter contre. Ceci dénote de l'embarras dans lequel se trouvent les dirigeants de ce parti, dont le leader avait promis lors de la formation du cabinet de ne pas laisser passer une telle loi. Promesse non tenue ! Et les accusations de trahison à l'encontre du parti libdem ne se sont pas fait entendre de la part des étudiants descendus dans la rue dans des manifestations d'une rare violence notamment à Londres où le bilan s'élève à plusieurs blessés dans les rangs des manifestants comme parmi la police. L'ampleur du mouvement estudiantin et la tournure qu'il a prise dénotent du grand malaise non seulement des étudiants, mais de la majorité des Britanniques qui vivent très mal l'austérité imposée par le nouveau gouvernement qui a procédé à des coupes sans précédent dans le budget de l'Etat et décidé le départ de 500.000 employés du secteur public. L'objectif de ce tour de vis est de réduire le poids de la dette et du déficit budgétaire. Les premières mesures de rigueur ayant touché tous les ministères sont passées sans heurts notables. Elles ont été acceptées avec une certaine résignation de la part des syndicats en dépit de la grogne des salariés, premières victimes de cette politique économique qui remet en cause de nombreux acquis sociaux, ne se soucie que trop peu de la précarité de larges franges de la société et ne tient vraiment compte que de l'Etat des finances du pays mais à mal par la crise qui sévit encore dans la grande île. Mais force est de constater que le nouveau gouvernement de Sa Majesté, est allé trop loin dans sa politique d'assainissement d'autant qu'il n'est pas sûr qu'elle remette le pays sur la voie de la croissance. Et si les précédentes mesures de rigueurs n'avaient pas fait l'objet d'une contestation remarquée, celle de l'augmentation des droits d'inscription aux universités a fait déborder le vase, pour enfin de compte déboucher sur une véritable insurrection des jeunes qui s'estiment complètement lâchés par le nouveau pouvoir. Les horizons sont de plus en plus fermés : au chômage qui les frappe de plein fouet depuis des années, ces jeunes issus des milieux pour la plupart modestes redoutent l'exclusion totale avec ce nouveau tour de vis qui rend leur accès au savoir plus qu'hypothétique. Mais au-delà de ce mal-être de la jeunesse en Grande Bretagne et sans doute dans d'autres pays du Vieux continent et de l'agitation sociale qui risque, de se radicaliser, c'est le système de gouvernance qui est remis en question par cette nouvelle vague de dirigeants pour la plupart jeunes et issus d'une droite qui revient en force, qui suscite des interrogations. Le Premier ministre britannique, donne le ton sur ce que devrait être l'Etat. Il préfère parler d'ailleurs d'une « big society » que d'un « big gouvernement ». La politique économique et sociale qu'il mène actuellement traduit bien sa philosophie du pouvoir. Mais le risque sont grands dans la mesure où même au sein de sa coalition gouvernementale l'accord est loin d'être parfait. L'émeute estudiantine pourrait d'ailleurs ouvrir la voie sur d'autres contestations encore plus violentes qui feraient réfléchir les libéraux-démocrates sur le bien fondé de leur alliance avec les conservateurs, dont le leader est décidé à faire sa politique à lui, celle des comptes de l'Etat et au mépris de toute la société.