l fallait être bien imaginatif au début de cette saison pour prévoir le scénario de cette fin de championnat. Un champion connu à l'avant-dernière journée et un verdict à l'ultime étape pour connaître le nom du club qui l'accompagnera en Ligue des champions et ceux des relégués en Ligue 2. Une ultime qui fera sans doute date dans les annales. En 90 minutes, elle devra trancher dans le vif pour déterminer le sort de pas moins de six clubs. Il n'est pas étonnant alors de voir débarquer quatre trios d'arbitres étrangers, tant la peur des controverses et suspicion sont à fleur de peau. Mais avant de concentrer notre attention sur les quatre rencontres majeures de la journée, notons que même les trois autres ne sont pas si innocentes qu'il paraît. Il suffirait, en effet d'une victoire de Zarzis sur El Gaouafel pour le dépasser au classement. C'est le cas d'ailleurs de l'Avenir vis-à-vis de Béja. Ces deux résultats, non garantis mais possibles, auront à eux seul, une incidence directe sur le CS Hammam-Lif qui risque à Sfax de terminer sa saison sur un échec. Il serait intéressant de rendre par une graphique les courbes, largement accentuées des quatorze clubs en compétition à travers toute la saison. On relèvera sans doute bien de renversements de situation, en dehors toutefois du CAB dont le parcours a été linéaire jusqu'à la dernière journée. L'ironie du sort a voulu que le rideau tombera sur une scène où le paradoxe sera roi. Un champion fraîchement élu recevant un condamné en puissance. Celui-ci est non seulement contraint de gagner ce qui est déjà une gageure, mais son exploit s'il se réalise, restera quand même tributaire de ce que feront ses concurrents. Il lui faut que l'Espérance et le Stade Tunisien disposent de l'EOGK et de Hammam-Sousse. Trop de conditions drastiques pour un CAB passé à la torture des rencontres désespérées avant de voir une coupe lui passer sous le nez. Si l'Etoile n'aura comme motivation que faire un tour d'honneur après une victoire, l'Espérance aura à cœur de gagner pour espérer sans trop y croire qu'on lui offre un classement amélioré. Mais quelle motivation animera le Stade Tunisien dont la sixième place semble définitive si ce n'est l'éthique qui l'obligerait à ne pas fausser le jeu que l'interférence d'une lutte à trois a déjà assez compliqué. Il ne serait pas juste ni même moral de prédire ce qui va résulter de cette journée qui tiendra plus de la coupe que du championnat. Concernant la deuxième place qui vaut désormais une participation africaine, les choses seront assez simples en comparaison de ce qui va se passer pour la relégation. Les deux candidats n'auront besoin d'aucun tiers pour arbitrer leur duel. Une explication à guichets fermés en quelque sorte. Chacun des deux adversaires aura quand même un atout dans sa manche. L'US Monastir partira avec l'avantage du terrain et son hôte aura la faveur de pouvoir se contenter du nul. Ce sera donc aux Monastiriens de faire le jeu, de prendre en main la conduite des opérations et de forcer la victoire. Mais derrière le résultat qui sera le seul objectif des deux clubs, avec quels moyens, on ira de chaque côté, forcer le destin. On sait que psychologiquement ces deux clubs ont été secoués ces derniers temps. Il est clair que ce sera de leur aptitude à évacuer cette amertume que dépendra l'issue de la rencontre. Il est déjà loin le souvenir de ce 24 décembre 2006 quand le Club Africain avait trois points d'avance sur ses poursuivants, et faisait figure d'un futur champion. Ce jour-là les Clubistes ont fait subir à l'US Monastir sa plus lourde défaite. Souvenir lointain, mais qui va ressurgir à l'occasion du dernier acte d'une saison qui a fait parler d'elle.