Peut-on encore s'étonner ! Cette faculté qui constitue l'essence même de l'intelligence humaine est entrain de s'éroder pour laisser la place soit à une béatitude arrosée d'autosatisfaction soit à l'acceptation du « Ron-Ron » qui font la médiocrité de ce début de millénaire. C'est que rien n'étonne plus ! La pression est telle sur la plupart des régions du monde – toutes devenues névralgiques – parce que « ce monde » contrairement à l'expansion du Cosmos depuis le Bing-Bang ne cesse de se rétrécir ! Tout est à portée, d'avions… de canons… et autres engins satellitaires qui font qu'on a l'impression de vivre chez « le voisin » d'en face qui, de fait, est à des milliers de kilomètres ! Que des pays acceptent la tutelle des puissants comme l'Afghanistan ou le Pakistan au risque d'hypothéquer le peu de souveraineté qui leur reste… quoi de plus normal! La souveraineté « nationale » est un concept inventé par l'Occident avec la révolution industrielle au 18ème siècle mais de nos jours c'est l'environnement « international » et ses forces centrifuges de domination qui est « souverain ! ». Que M.Omar Al Bachir, Président du Soudan en déconfiture, annonce sans aucune consultation nationale véritable que le Nord, c'est-à-dire ce qui va rester du Soudan avec la scission du Sud et du Darfour dans la même foulée, sera gouverné et régi par la « Chariaâ »… qui peut s'en étonner ! Un naufrage a-t-il peur d'être mouillé ! (Ana Al Gharikou fama Khaoufi min Al balali, dit bien le proverbe !). M.Al Bachir continue, tout simplement, à s'engouffrer dans les sables mouvants d'un désastre politique irréversible, sans prendre le temps de faire une pause ou une évaluation salutaire pour sauver les « meubles » qui restent ! Tirer la leçon d'une faillite politique et idéologique sans précédent, aboutissant à l'amputation du Soudan d'une bonne partie de son territoire national n'a pas l'air d'émouvoir outre mesure le leader soudanais qui s'entête à imposer un système social et idéologique totalement sclérosé ! Que des Etats latino-américains se pressent et font la queue pour reconnaître l'indépendance de l'Etat palestinien sur les frontières de 1967 avec pour capitale Jérusalem-Est, alors que la Ligue des Etats arabes va demander, tenez vous bien, au Conseil de Sécurité des Nations, dites « Unies », de « condamner la colonisation massive et illégale, opérée par Israël dans les territoires occupés et Al-Qods… qui peut s'en étonner ! Les Arabes, depuis plus de quarante ans, sont devenus les champions du monde toutes catégories pour enfoncer des portes ouvertes ! Les Arabes ont toujours été en retard d'une guerre… Les voilà en retard pour demander « diplomatiquement » au monde de déclarer l'indépendance de moins de la moitié de la Palestine historique, pourtant, légitimée par une décision solennelle des Nations-Unies du partage en 1947 ! Ce qui aurait étonné, en fait, c'est un sursaut de dignité et d'orgueil de la part des Arabes comme ce fut le cas pendant les luttes de libération nationale au Maghreb arabe, par exemple ! Il faut revenir aux années cinquante du siècle dernier pour comprendre que, malgré les faiblesses de cette région, sous domination coloniale française et, malgré les complicités internationales de l'époque, nos peuples et nos élites ont réalisé ce qui paraissait bien « impossible » surtout pour l'Algérie annexée depuis 1830 à l'Empire colonial français, et ont obtenu leurs indépendances nationales, pas seulement, par la lutte armée, mais par une « diplomatie active et agressive » et une stratégie de soutien structurel à la lutte armée ! L'exemple de l'Algérie prouve qu'il n'y a aucune fatalité coloniale irréversible ! Etre alliés et amis des Etats-Unis d'Amérique ne doit pas vouloir dire que les Arabes mettent leurs destins sous tutelle américaine ! Bien au contraire ! Alliance n'est pas synonyme d'allégeance mais de complémentarité libre et critique en tenant compte des intérêts vitaux des uns et des autres. Bien mieux, la « chance » des Arabes et des Musulmans, aujourd'hui, c'est que l'Amérique n'a jamais été aussi faible qu'en ce moment. Par conséquent, ils peuvent être plus exigeants envers elle pour imposer la libération de la moitié de la Palestine et revoir sa politique de soutien inconditionnel à un Etat « voyou », menaçant et irrespectueux de droit et de la légalité internationale ! Va-t-on, enfin, « s'étonner » d'un sursaut d'honneur arabe ! Tiens Noël c'est pour bientôt ! Merry Christmas à nos amis Chrétiens ! K.G
