* Le directeur de l'agence régionale Sidi Bouzid: «La BTS est une banque solidaire mais pas caritative » - Face à l'incapacité de l'administration à ouvrir grandement le robinet de recrutements en ces temps de fortes pressions sur le trésor public et à la faiblesse de tissu industriel régional, la création d'un petit projet constitue l'ultime recours des jeunes de Sidi Bouzid qui souhaitent échapper à la spirale infernale du chômage et de la précarité. Mais ces jeunes porteurs de projets, qui sont pour la plupart des diplômés de l'enseignement supérieur, se heurtent à une véritable course d'obstacles. D'autant plus que les banques traditionnelles ont souvent tendance à faire un tri rigoureux. La seule alternative consiste à contracter un prêt auprès de la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS). La particularité de cette banque par rapport aux autres établissements de crédit, c'est qu'elle ne prête pas à des taux usuraires (9 % à 20 %), mais à un taux bonifié par l'Etat (5 %). Et qu'elle est fondée sur le principe de la solidarité entre les citoyens. Mais là encore, la bataille est loin d'être gagnée d'avance. « J'ai présenté un dossier complet bien ficelé pour obtenir un prêt BTS. Promesses, atermoiements et faux fuyants ont constitué mon pain quotidien pendant plusieurs mois. Au bout du compte, ma demande de crédit a été rejetée sans explications», affirme Mlle Hanène Zaâfouri, une diplômée en sciences physiques, qui avait rêvé de lancer un projet agricole. Et de renchérir : «On dirait que l'agence de la BTS à Sidi Bouzid n'appartient pas à cette institution créée par décret présidentiel pour offrir des moyens de financement et créer des sources de revenus aux personnes qui n'arrivent pas à réunir les ressources nécessaires ou à offrir les garanties suffisantes ». «Pistons et clientélisme» L'histoire de Mlle Zaâfouri ne représente vraisemblablement pas un cas isolé. Mlle Noura Chebbi, une diplômée qui projetait de créer un jardin d'enfants, affirme en avoir vu des toutes les couleurs. «Ma joie fut indescriptible quand on m'a informée que ma demande de crédit a été acceptée. Dès que j'ai appris cette bonne nouvelle, j'ai loué un local pendant plusieurs moins et j'ai attendu le déblocage du crédit tant attendu. Mais la chute fut brutale. La direction de l'agence m'a informée que la commission a réexaminé ma demande de crédit et l'a rejetée sous le prétexte de manque de garanties solides», raconte Mlle Chebbi sur un ton amer. Las du «manque de transparence » qui caractérise le concours du Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement secondaire (CAPES), Riadh Hajlaoui a longtemps rêvé de créer une garderie scolaire. Pour ce faire, ce maîtrisard en économie a exercé comme ouvrier de chantier pour réunir l'autofinancement exigé par la banque avant qu'on l'informe que sa demande de crédit a été rejetée en raison du manque de rentabilité économique du projet. «Les responsables de l'agence m'ont suggéré de trouver une autre idée d'un projet rentable. J'ai les ai pris au mot et j'ai proposé un autre projet d'élevage de vaches pour lequel j'ai reçu un accord de principe. Après ce feu vert, j'ai loué le terrain sur lequel je devais élever les bêtes. Mais ma surprise fut grande quand la banque m'a de nouveau informé qu'il faudrait que je souscrive une police d'assurance pour le bétail à raison de 200 dinars par tête. Ce fut une condition absurde pour une banque qui prétend être solidaire», ajoute M. Hajlaoui. Et d'ajouter : «D'autres demandeurs de prêts qui projetaient de réaliser des projets d'élevage de bétail ont été exemptés de cette police d'assurances. Il est ainsi clair que les phénomènes des pistons et du clientélisme sont très répandus». Réplique de la BTS : «Fiabilité et sérieux» En réponse à ces doléances, M. Mehdi Gharbi, directeur de l'agence régionale de la BTS à Sidi Bouzid a fait savoir que la banque n'exige des garanties que pour les projets commerciaux. « Nous avons financé de nombreux projets sans garanties. Ce qui importe pour nous, c'est la fiabilité économique du projet et le sérieux du promoteur C'est, du moins, le cas depuis ma nomination, il y a quatre mois», souligne-t-il, indiquant que «la faiblesse du taux de remboursement oblige la BTS à demander des garanties». C'est dire que la BTS est une banque « solidaire mais pas caritative » M. Gharbi note que les diplômés issus de familles nécessiteuses sont exonérés de l'auto-financement exigé par la banque. Pour ce qui est de l'existence de « pratiques clientélistes », le directeur de l'agence régionale de la BTS à Sidi Bouzid précise que «l'agence a examiné jusqu'ici 98% des demandes de prêts reçues au cas par cas et selon des critères objectifs», tout en rappelant qu'il n'a pris ses fonctions que depuis quatre mois. M. Gharbi indique, par ailleurs, qu'un programme exceptionnel lancé il y a une dizaine de jours dans la région prévoit le financement de 306 projets, dont 130 seront lancés par des diplômés, pour une enveloppe globale de 4,70 millions de dinars. Selon lui, l'agence régionale de la BTS a financé depuis sa création en 1997, 5705 projets pour un montant global de crédits de 45,7 millions de dinars. Walid KHEFIFI ----------------------- Foisonnement des projets privés à Sidi Bouzid Six nouvelles usines et environ 3 mille postes d'emploi annoncés Après l'annonce d'implantation par le groupe allemand Léoni d'une usine de fabrication de câbles et des composants automobiles qui devrait fournir 1000 postes d'emplois à Sidi Bouzid, on remarque un foisonnement de projets portés par des investisseurs privés tunisiens. Le groupe Elloumi, qui opère essentiellement dans le secteur de l'industrie automobile, a annoncé, mardi, la création d'une grande usine spécialisée dans la fabrication des composants automobiles électriques dans le gouvernorat de Sidi Bouzid avec à la clef 1000 emplois. Mercredi, c'était au tour du groupe Abdennadher, un holding composé de douze entreprises, d'annoncer la réalisation d'un projet industriel de fabrication à Sidi Bouzid. Il s'agit d'une usine de fabrication de services de table en porcelaine, dont la moitié de la production sera destinée à l'exportation et qui nécessitera un investissement de 30 millions de dinars. Selon les projections du groupe Abdennadher, cette nouvelle unité industrielle devrait employer 330 personnes. Par ailleurs, l'homme d'affaires Chafik Jarraya, PDG du groupe éponyme, a indiqué qu'il s'apprête à lancer trois nouvelles usines au niveau de plusieurs localités de la région de Sidi Bouzid pour un investissement global de 36 millions de dinars. Il s'agit d'usines spécialisées dans le conditionnement des huiles végétales, la transformation de tomates et la production des dérivés du lait. Ces usines devraient entre en production en 2012 et générer près de mille emplois. W.K ----------------------- L'Union Régionale du Travail formule une proposition de grève à Sidi Bouzid, le 12 janvier • Appel à la tenue d'un Congrès extraordinaire non électif de l'UGTT Hier, l'Union Régionale du Travail de Sidi Bouzid aurait formulé une série de revendications tenant essentiellement à l'allègement du dispositif sécuritaire dans la région et à la libération de toutes les personnes encore détenues. L'Union Régionale du Travail avance en l'occurrence une proposition de grève régionale pour le 12 janvier si ces revendications ne sont pas satisfaites. Par ailleurs, la Commission administrative de l'Union Régionale du Travail de Tunis a appelé lors d'une réunion, avant hier soir, à la tenue d'un congrès extraordinaire non électif de l'UGTT dont l'ordre du jour sera l'examen de la restructuration de la Centrale syndicale. « Cette requête, affirme Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Union Régionale du Travail de Tunis, se justifie par le fait que les structures de l'UGTT sont restées inchangées depuis les années 60 alors que le monde du travail a connu une grande évolution, comme l'augmentation du nombre de salariés hommes, femmes et jeunes ». Selon certains syndicalistes cette opération de restructuration de l'UGTT engloberait l'examen de l'article 10, mais, sans trop le mettre en exergue.