Par Bourguiba BEN REJEB - On raconte que les nouvelles guerres vont se gagner par l'usage des drones, ces avions dits furtifs et télécommandés comme des jouets à la portée de n'importe quel enfant habitué aux war games par console interposée. Au Pakistan, c'est même devenu le joujou technologique qui remplace, et compense, les échecs enregistrés sur la terre ferme. Et comme le ciel qui ne va pas nous tomber sur la tête est truffé de satellites de guidage, les hommes qui restent au chaud ont désormais tout loisir de tirer et tuer à profusion et, paraît-il, avec précision. Au final, il va falloir trouver autre chose que le courage pour glorifier les batailles et les conquêtes guerrières. N'importe quel joueur expérimenté en console Nintendo peut chausser ses pantoufles et canarder à volonté des ennemis mis à découvert par des satellites baladeurs et espions. C'est le progrès, et les chefs militaires peuvent ainsi ménager les troupes et remporter des victoires inscrites sur les tablettes de l'histoire qui n'en finit pas de s'écrire par le nombre des morts. Il n'y a qu'à lire les gazettes au quotidien pour se convaincre que la compétition est rude. Ce n'est pas la jungle, mais les prédateurs et les prédators du ciel créent la tendance. Les tueurs en série, dits serial killers, meublent depuis un temps les soirées télévisées dans les familles. Les kamikazes font aussi du chiffre à l'aveugle et dans l'aveuglement, surtout quand les prières dans les mosquées ou les églises détournent la vigilance de ceux qui croient en un monde plus spirituel. Les nouvelles se bousculent sur ce front là aussi, et dans les actualités des médias, les sensations ne se mesurent plus qu'au nombre de morts. Le retour de flamme, quand la haine remplacera l'espoir, se sentira plus tard. Mais il est admis que les guerres, même larvées, ne retiennent pas la mémoire des morts mais la gloire des héros, fussent-ils des pousseurs de boutons. La technologie, on le sait depuis un temps, avance et se nourrit des besoins militaires. Le GPS de notre quotidien téléphonique n'est qu'une application de la guerre des étoiles et des satellites qui quadrillent le ciel. Du coup, bien entendu, la technologie va trouver des solutions aux drones. C'est du moins ce que raconte un militaire iranien. Celui-ci aurait déjà fait tomber des drones baladeurs au dessus du ciel de son pays. La suite est cousue de fil blanc : les génies de la technologie en rajouteront sur le chapitre, dans le cercle vicieux, ou vertueux, de la compétition guerrière. Le tout est de garder l'avancée décisive pour gagner les batailles par procuration. Les nouveaux joujoux sont des bijoux de technologie qui mettent à genoux les moins habiles. Et on ne peut même plus se plaindre que contre x.