L'usage massif de la chose informatique n'a pas que du bon. Dans la mesure de la capacité pratiquement illimitée du système à stocker et à manipuler de l'information, celui-ci finit par autoriser tous les dérapages et toutes les manipulations qui peuvent se retourner contre ceux qui sont aux commandes. La parution sur internet pour grand public de ce qu'on appelle désormais « Les carnets d'Afghanistan » ressort de cette logique du pire. Des dizaines de milliers de documents militaires circulent désormais et racontent par le menu les errements et les déboires d'une armée américaine engluée dans sa campagne afghane. Au passage, le récit de bavures sanglantes et de basses manœuvres passablement amorales étale au grand jour les revers d'un héroïsme incertain. Derrière l'épopée que les médias et les politiques nous serinent à longueur d'année se cachent toutes les exactions et tous les dévoiements d'une armée chargée de défendre le monde civilisé à coups d'incivilités. Il faut dire qu'on se désolait de temps à autres de « bavures » réputées accidentelles. On s'aperçoit que le quotidien est fait de tirs aux pigeons bien humains au titre de la supériorité des technologies guerrières. En face, il n'y avait pas des enfants de cœur, ce qui n'est pas toujours une raison suffisante pour justifier les bombardements aveugles et les massacres sans merci. Le plus ennuyeux est que l'acharnement n'a pas permis de gagner la guerre. Loin de là. Il est même question de faire rentrer les troupes à la maison essentiellement à cause des pertes qui deviennent très impopulaires. Les politiques ne parlent même plus des raisons qui ont été à l'origine des batailles rangées. Il faut dire que les politiques ayant décidé de l'offensive ne sont plus aux affaires à Londres et à Washington. Leurs successeurs se retrouvent avec des carnets compromettants sur les bras, en plus de difficiles manœuvres de retrait qu'une pluie de dollars ne rend pas plus héroïque. D'anciens responsables devraient être mis à contribution pour désamorcer les effets pervers de la déroute, bien évidemment dans la mesure de leurs occupations actuelles. Pour Bush, inutile d'espérer quelque chose. Il a bien fait une apparition à Haïti pour jouer à l'homme de cœur au moment du tremblement de terre. A part ça, personne ne lui demande rien sur les guerres, en Afghanistan et en Irak, qu'il a engagées. Blair de Grande Bretagne, lui, s'est déjà transformé en grand commis, très comique ceci étant, de la paix internationale en Palestine. Il tente de se refaire une virginité, en grand connaisseur de la chirurgie guerrière, et pour l'heure dans la logique des vendeuses de charmes. Il reste Condolezza Rice, celle dont on racontait les prouesses dans les menées guerrières. Aux dernières nouvelles, elle se serait mise au Piano pour jouer en public du Mozart. On attend d'elle un requiem, ce chant pour les morts dont on fait des opéras !