M.Moncef Chebbi, sénateur et membre du Bureau politique de l'Union Démocratique Unioniste (UDU) a annoncé hier, qu'il a présenté sa démission de la Chambre des conseillers au président provisoire de la République. Il nous explique ici les raisons de cette démission et son opinion sur la composition du nouveau gouvernement. Interview. * Le Temps : Quelles sont les raisons de votre démission ? - M.Moncef Chebbi : Je suis membre de la Chambre des conseillers depuis sa création en 2005. J'étais nommé par le président déchu membre dans cette Chambre au titre des compétences nationales et probablement au nom de l'UDU. Pendant ces années j'ai fait de mon mieux pour défendre les intérêts de mon peuple et exiger le respect de ses droits, en particulier ses droits sociaux et politiques. Je me suis distingué dans la défense d'un pluralisme réel et ouvert à toutes les écoles de pensées et à toutes les tendances politiques sans exception. Ceci est facile à vérifier en consultant le Journal Officiel qui rapporte les débats dans la Chambre des conseillers. J'ai fait de la défense des partis non reconnus, de la LTDH et de l'UGET, mon leitmotiv. Je n'ai aucun mérite en cela. Je n'ai fait qu'accomplir mon devoir. Mais, je n'ai jamais oublié que ma présence dans la Chambre des conseillers n'émane pas la volonté populaire. * Revenons à votre démission. -Aujourd'hui, la situation est tout autre. Le peuple tunisien a dit son mot. Il a marqué l'histoire par cette révolution qu'on attendait depuis assez longtemps et qu'on nomme aujourd'hui, la Révolution des Jasmins. Et le centre de la légitimation de toute présence sur la scène politique ou dans les institutions de l'Etat s'est déplacé. Le peuple a repris au spoliateur son droit de choisir ses représentants. Donc, je remets mon mandat de sénateur au peuple tunisien. *Que pensez-vous de la composition du gouvernement d'union nationale ? -Je pense que ce gouvernement qui a mis tellement de temps à naître n'est pas à la hauteur des attentes du peuple tunisien. Je crois qu'il a souffert de la culture d'exclusion qui anime à ce jour la mentalité de certains dirigeants politiques. Nous sommes tous concernés par le souci d'établir de bonnes bases pour une gouvernance démocratique et transparente. Il serait facile aux uns et aux autres de faire des bilans négatifs parce que nous nous connaissons très bien. Mais mon opinion est que nous devons accorder un certain répit à ce gouvernement, lui rendre la vie plus facile malgré ses torts parce que la Tunisie a besoin de calme et de sérénité, malgré ses blessures pour entamer la reconstruction et avancer les propositions claires susceptibles d'ouvrir un débat national sur l'avenir de notre pays. * Certains réclament le départ des ministres RCD. Qu'en pensez-vous ? -Je pense que cette demande est légitime d'une certaine manière, ce gouvernement n'en a pas tenu compte malgré la démarche progressive défendue par certains qui peut sembler logique. Mais, entre histoire et logique la concordance n'est pas toujours totale. *Donc, vous êtes pour un gouvernement sans RCD ? -Je verrais bien un gouvernement sans RCD. Les forces politiques sont capables de l'assumer. Mais pour le moment comme je l'ai dit, laissons ce gouvernement travailler. Nous le jugerons sur son action et non sur ses proclamations d'intentions.