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«Les municipales, une chance inouïe pour les partis de l'opposition» Moncef Chebbi, membre de la Chambre des conseillers et membre du bureau politique de l'Union Démocratique Unioniste(UDU)
«Barrer la route autant que possible aux opportunismes de tous genres qui parasitent l'atmosphère de la scène politique surtout en période électorale» Les partis de l'opposition sont-ils à jamais frappés par le syndrome de la division ou du moins certains d'entre eux ? Après la ‘démission' de Ahmed Gandour, membre du bureau politique de l'Union Démocratique Unioniste(UDU) voilà que la commission de discipline de ce parti décide samedi 20 février le gel des activités du secrétaire de la fédération de Bizerte. Une décision qui a été rejetée par les membres du bureau de la fédération. Décidément les unionistes ne sont pas tellement unis. Pour en savoir plus sur cette situation nous avons invité M.Moncef Chebbi, membre de la Chambre des conseillers et membre du bureau politique de ce parti. Interview. Le Temps : A environ deux mois et demi des élections municipales des partis de l'opposition dont le vôtre sont empêtrés dans des querelles internes et des divisions et ne semblent réunir leurs efforts pour une participation féconde à cette importante échéance électorale. Comment expliquez-vous cette situation ? Moncef Chebbi :En règle générale, à l'approche des grands événements nationaux tels que les élections municipales qui se profilent à l'horizon, il convient, quand on est une force politique qui se respecte, de concentrer ses efforts sur la responsabilisation des structures et des personnes pour créer la latitude d'une action concertée, ciblée et au final, fructueuse. C'est une responsabilité nationale et partisane à la fois.Au risque de me tromper j'affirme que les élections municipales constituent pour les partis de l'opposition une aubaine et une chance inouïe d'affirmer à l'encontre des jugements superficiels qui fleurissent à l'aube de chaque élection que nous sommes vraiment des forces constructives et que nous pesons au moins autant que les 25 % que la loi nous attribue d'office. Et la première condition dans cette démarche consiste à présenter dés aujourd'hui aux électeurs de demain une image homogène. On ne triomphe jamais en se présentant à l'électorat en rangs dispérsés. C'est irrespectueux à l'égard du peuple dont on prétend défendre les intérêts et dont on sollicite les suffrages. L'équation est très simple, c'est l'union ou la défaite. La théorie du nettoyage des rangs avant chaque échéance est en très grande partie responsable de la faiblesse endémique qui caractérise l'opposition nationale toutes tendances confondues. Citez moi un seul parti qui n'a pas pratiqué l'exclusion à tort ou à raison, des hommes qui l'ont fondé, qui l'ont porté à bout de bras. Comment peut-on dans ces conditions espérer inspirer confiance à des électeurs qui se délectent au quotidien de nos frasques ? Comment remédier à ce mal qui ronge les partis de l'opposition ? Je me demande parfois si la loi sur les partis ne gagnerait pas à être aménagée dans un sens de garantie d'une certaine stabilisation des structures et même des effectifs pour favoriser la capitalisation de l'effort républicain et barrer la route autant que possible aux opportunismes de tous genres qui parasitent l'atmosphère de la scène politique surtout en période électorale. Et en ce qui concerne l'UDU ? Au sein de l'UDU je ne cesse de répéter que nous avons réussi jusqu'à ce jour à sauver la baraque mais je sais que d'immenses dangers nous guettent et nous ne pourrons les vaincre qu'en faisant preuve de la plus grande sagesse et d'un grand esprit de solidarité et de tolérance les uns vis-à-vis des autres. J'essaye de suivre avec la plus grande assiduité et la plus grande attention les événements internes aux différents échelons et si je refuse de cacher mon inquiétude je ne veux pas non plus verser dans le catastrophisme. A la différence de certaines autres forces nous avons des instances dirigeantes opérationnelles et elles agiront en temps opportun pour contrecarrer les politiques qui pourraient nuire à notre union ou réduire nos chances aux prochaines municipales. Mais concrètement ? Pour cela je suis tenté de penser que notre bureau politique a tout intérêt à réunir dans les plus brefs délais un conseil national de réconciliation et de renforcement de nos rangs et je suis convaincu qu'il y aura une grande unanimité à ce sujet. Nous avons de grandes ambitions et en particulier nous considérons que l'UDU mérite un meilleur classement parmi les partis politiques, un classement digne d'un parti construit autour d'un projet. Mais il ne suffit pas d'avoir un projet. Il faut se donner les moyens de le rendre réalisable et acceptable Pour cela il faut avant toute chose serrer les rangs et ouvrir les portes pour le recrutement de nouveaux militants et de cadres. Beaucoup de candidats à l'adhésion hésitent et se rétractent quand ils voient le parti empêtré dans cette atmosphère de chamailleries et de règlement de comptes alors qu'il est censé de par son projet défendre les plus grandes valeurs morales Que pensez-vous du gel des activités du secrétaire général de la fédération de Bizerte du parti ? Concernant la décision qui a été prise par la commission de discipline à l'encontre de Mustapha Luiz, secrétaire général de la fédération de Bizerte de l'UDU je tiens à souligner que les faits qui lui sont reprochés étaient consécutifs à un enchaînement de faits graves qui n'ont pas été pris en compte. Cette décision particulièrement sévère va totalement dans une direction opposée à l'esprit de concorde et d'union qui ont animé les travaux du bureau politique lors de sa réunion samedi 13 février. Je crains que cela n'ouvre une nouvelle page de fébrilité au sein du parti au moment où ce parti a besoin d'unir ses forces dans la perspective des municipales. Mais quelle est exactement votre positon ? Je soutiens une ligne médiane qui refuse l'exclusion quel qu'en soit le prétexte parce que dans le meilleur des cas c'est une erreur politique et dans le pire des cas une mauvaise préparation du congrès du parti prévu en 2011qui risque d'être un congrès de règlement de comptes. Et vos relations avec le secrétaire général Ahmed Innoubli ? Mes relations avec Ahmed Innoubli sont très bonnes même si des divergences peuvent apparaître à propos de tel sujet ou de tel autre et je ne perds pas espoir qu'il intervienne pour aider le parti à retrouver toute sa stabilité et la sérénité dont il a besoin pour affronter les prochaines échéances électorales Combien de listes l'UDU va-t-elle présenter ? Je ne peux pas en l'état actuel des choses vous donner un quelconque pronostic, car le nombre de listes que nous pouvons présenter aux prochaines municipales varie entre dix et quarante, voire plus, en fonction de l'état d'esprit qui va animer notre démarche. Si « l'union fait la force »est un adage commun, il est pour l'UDU une vérité vitale. Les relations du parti avec les médias ne sont pas au beau fixe. Quelles en sont les causes ? Un quotidien en langue arabe de la place a traité dernièrement de sujets concernant l'UDU. Nous avons avec lui en tant que parti politique de bons rapports malgré quelques froissements passagers imputables plus à des questions de circonstances qu'à des problèmes de choix politiques. Je m'emploie personnellement à clarifier la situation et je n'ai aucun doute que le retour à la normale est imminent. Souvent les forces politiques imaginent les médias dans un rôle annexe et inférieur à celui des partis politiques, mais cela est une très grave erreur. Il faut regarder les choses en face, que pouvons-nous aujourd'hui sans les médias ? Interview réalisée par Néjib SASSI