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Moncef Chebbi, membre de la Chambre des conseillers et du bureau exécutif de l'Union Démocratique Unioniste (UDU) : " Pour une relation équilibrée et fertile entre le pouvoir et les oppositions " POLITIQUE
L'Union Démocratique Unioniste (UDU) a tenu son conseil national samedi et dimanche à Hammamet. A cette occasion nous avons invité M. Moncef Chebbi membre du bureau exécutif de ce parti. Il nous parle de l'ordre du jour de cette réunion, des dernières élections présidentielle et législatives et la participation de l'UDU à ces deux échéances électorales et nous donne son avis sur les crises que traverse la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) et l'Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) et sur d'autres questions. Interview. Le Temps : Pouvez-vous dressez le bilan sur le plan politique de l'année 2009 et le rôle de l'opposition ? Moncef Chebbi : Nous sommes en train de dire, adieu à l'année 2009 avec ce qu'elle a apporté de bon et de mauvais au peuple tunisien, si de grandes œuvres ont été réalisées, si le pays a sans aucun doute continué à progresser, il ne faut pas oublier que nous avons subi, peut-être de manière atténuée, les effets du marasme économique et financier dans lequel se débat le monde entier. Quant nous établissons des comparaisons, et il faut nécessairement établir des comparaisons avec notre environnement international et arabe, il est évident que la Tunisie précautionneuse et prévoyante a su anticiper les difficultés et limiter les dégâts ; ce qui augure d'une reprise plus facile et sûrement plus saine en matière de politique économique et financière. L'année 2003 a été l'année des élections législatives et présidentielle. Je crois que dans l'ensemble, ces élections se sont déroulées dans de bonnes conditions même si certaines forces politique de nature réfractaire n'ont pas eu la force et le courage d'aller au bout de la compétition électorale coupant, ainsi la voie à ce dialogue national démocratique et responsable dont je rêve et dont rêvent les Tunisiens depuis des décennies. De la même manière que l'opposition nationale a raté à l'aube du Changement du 7 Novembre 87, une chance historique de mettre la main à la pâte pour faire évoluer le système politique et les structures du pouvoir, il est clair que 2009, aurait pu être mais n'a malheureusement pas été l'année de l'élargissement du débat national à la totalité des composantes de la scène politique. Ceux qui ont refusé d'aller de l'avant portent une lourde responsabilité sur les évolutions actuelles et à venir. Je pense que l'évolution ne doit pas obéir à des coups de boutoir, à des demandes excessives impossibles à satisfaire mais plutôt à des revendications de nature réformistes dans l'ordre de la transition pacifique, en d'autres termes, s'il est légitime de dénoncer les lenteurs il est interdit de provoquer des soubresauts car le salut de ce petit pays tient à sa stabilité et à la qualité des relations politiques entre le parti au pouvoir et les partis et les forces de l'opposition. Je suis par nature contre l'exclusion et je souhaite que ceux qui se sont mis au ban de cette marche moderniste relisent leurs démarches et rejoignent l'élan national de réforme et de résurrection.
Et le bilan pour l'UDU ? Pour l'UDU, les élections législatives ont donné des résultats nettement en deçà de nos espérances. Lorsque vous mesurez l'effort fourni et les moyens déployés par nos structures, Bureau politique et secrétariat général en tête, à travers tout le pays avec le souci de contribuer à développer la conscience politique et civique de notre peuple, vous pouvez comprendre que 9 députés sur plus de 200 nous paraît un chiffre insuffisant, et si vous mesurez ce chiffre proportionnellement à la représentation de l'opposition dans la Chambre des députés, vous remarquerez que mon parti qui a engrangé deux places de plus à en fait reculé en terme de présence et d'influence. Mais c'est à l'UDU que revient le devoir de parer à toute défaillance dans sa politique parlementaire. C'est à l'UDU d'introduire les pratiques dignes d'un grand parti (journées parlementaires, couverture médiatique etc...), pour imposer l'image d'un parti soudé, digne du plus grand respect. En dépit des différences de vue, qui peuvent surgir à propos de telle ou telle question, l'UDU reste un parti homogène quoi qu'en disent les mauvaises langues. Et cet esprit de bonne entente qui transcende les contradictions de circonstances et d'autant plus important que nous attaquons aujourd'hui, la ligne droite qui mène ves les élections municipales. Je souhaite exprimer ici, mon espoir de voir ces élections se dérouler dans les meilleures conditions de participation Que tous ceux qui ont hésité jusque-là franchissent le pas, il n'y a que ce moyen d'enraciner la démocratie dans la culture de notre peuple et de notre pays, c'est la participation même au prix de quelques concessions, même aux dépens des amours propres qui minent notre atmosphère. J'ai senti lors des élections législatives qu'une nouvelle culture politique est en train de naître, une culture d'adhésion transpartisane aux idéaux de liberté, de justice sociale, de souveraineté républicaine. Cette tendance est importante, il ne faut pas la réprimer. C'est peut-être cette démarche transversale qui augure d'une relation équilibrée et fertile entre le pouvoir et les oppositions, celles qui se prétendent " sérieuses " " radicales " ou celles que l'on taxe de satellite du régime en place. Franchement, je ne sais pas dans quelle catégorie je devrais me ranger parce que je suis très sérieux, je ne manque pas de radicalisme et j'ai tendance à croire que tout se discute, tout se négocie avec l'Etat.
Mais le quota de 25% réservés à l'opposition à la Chambre des députés ou aux Conseils municipaux ne constitue pas une sorte d'handicap ? Beaucoup pensent que les 25% consacrés d'offices aux listes de l'opposition dans les instances élues sont une forme de ghetto ou sont recluse les forces réelles du changement, celles qui veulent introduire la réforme au sein même du réformisme qui imprègne la politique nationale et ils pensent que les 25% sont en train de devenir un mur infranchissable, une donnée qui fige la scène politique dans ses contradictions et limite énormément ses attentes. Mon opinion est qu'en l'état actuel des choses on ne peut pas faire mieux et qu'à tenter de forcer ce mur il y a un risque énorme de retour en arrière, parce que de l'autre côté du mur certains considèrent qu'il n'y a pas lieu de laisser cet espace à des forces qui ne pèsent pas autant. C'est donc, un taux à conserver à condition de favoriser la maturation des forces politiques, d'aider à la diffusion d'une large conscience civique et républicaine saisissant l'intérêt pour notre pays de posséder des forces pensant autrement et cela n'est pas seulement, le devoir de l'Etat. Je dirai même que c'est d'abord l'affaire des oppositions.
Quelles sont, d'après-vous, les perspectives pour 2010 ? 2010 est déjà une réalité. Je souhaite que la Tunisie continue de résister avec intelligence aux déferlantes économiques et financières sans oublier que la politique sociale ne doit jamais (et surtout pas en temps de crise) être le parent pauvre de notre politique nationale. Le Président Ben Ali a fait du social un pilier majeure du développement. Ce choix judicieux et la clef de voûte de la stabilité tunisienne et notre garant pour un progrès sans à-coups, sans secousses. Je souhaite, également voir nos sphères économiques et financières publiques et privées ouvrir leurs horizons pour essayer de conquérir de nouveaux espaces sur le marché international. Les pays de la taille de la Tunisie doivent obligatoirement regarder au-delà de leurs frontières. Pour cela, il faut une politique étrangère dynamique (et c'est le cas) mais avec des moyens plus importants.
Que pensez-vous de la crise qui secoue la LTDH et l'UGET ? J'ose espérer que l'année 2010 connaîtra le dénouement des imbroglios dans lesquels pataugent certaines institutions majeures de la société civile telles que l'Union Générale des Etudiants de Tunisie ou la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme. L'UGET, en particulier, est une organisation qui mérite l'attention et le soutien des instances officielles. Elle a bénéficié à plusieurs reprises de l'aide présidentielle, mais des embûches continuent de bloquer sa marche vers un congrès réunificateur et ouvert à tous, sans vouloir gêner quiconque je considère que les propositions de recours à des corps étrangers à cette organisation pour une pseudo relance ne sont que de la poudre aux yeux. Elles ne feront que reporter l'échéance inéluctable d'une table ronde, responsable et patriotique pour remettre le train sur les rails. Tout le reste ne fait qu'envenimer la situation et l'enfoncer davantage dans des impasses politiques dont l'UGET n'a que faire. Il faut faire confiance à nos jeunes, car ils sont par la force des choses l'avenir de ce pays, dialoguer avec eux sans exclusive c'est préparer l'avenir. Quant à la Ligue je n'en sais que ce que circule sous les burnous. On dit que quelque chose se prépare... une espèce de retour à la situation d'avant. La restructuration avec la promesse de maintien en place des dirigeants actuels, peut-être, le temps a-t-il fait son œuvre. Ce qui était rejeté hier est accepté aujourd'hui.. par la grâce de Dieu. La Tunisie a besoin de cette Ligue, de son dynamisme de l'énergie sincère et parfois maladroite de ses militants. Interview réalisé par Néjib SASSI