Le Temps-Agences - Le président afghan Hamid Karzaï et son homologue russe Dmitri Medvedev ont ouvert hier une "nouvelle page" des relations russo-afghanes lors de la première visite d'Etat en Russie d'un dirigeant de l'Afghanistan depuis le retrait des troupes soviétiques en 1989. "Il s'agit de la première visite d'Etat de M. Karzaï en Russie, cela doit ouvrir une nouvelle page de notre histoire", a déclaré M. Medvedev lors d'une conférence de presse commune avec le dirigeant afghan. Hamid Karzaï s'était déjà rendu en Russie auparavant, mais uniquement dans le cadre de sommets internationaux. M. Karzaï, qui devait aussi rencontrer hier le Premier ministre Vladimir Poutine, a estimé que la Russie était "plus qu'un allié proche", un pays avec lequel l'Afghanistan a "des valeurs culturelles et historiques communes". Cette visite du président afghan en Russie intervient alors que Moscou cherche à renforcer son influence dans la région, vingt ans après la fin de l'intervention de l'armée soviétique dans le pays, qui s'était soldée par un humiliant retrait en 1989. Les deux pays cherchent en particulier à resserrer leurs liens économiques. MM. Karzaï et Medvedev ont annoncé la signature d'un accord de partenariat économique, sans donner de détails. Ils ont également abordé la question du transfert graduel par les forces de l'Otan, d'ici 2014, de la responsabilité de la sécurité sur l'ensemble du territoire aux forces de sécurité afghane. La coalition internationale en Afghanistan, menée par les Etats-Unis et forte de quelque 140.000 soldats au total, combat l'insurrection aux côtés des forces afghanes depuis la fin 2001 et la chute du régime taliban. Hantée par le souvenir du retrait des troupes soviétiques, la Russie s'est de son côté gardée de participer à l'opération de l'Alliance. Les deux présidents ne se sont en revanche pas étendus lors de cette conférence sur la lutte contre le trafic de drogue dans la région. --------------------------- Les passe-droits de la nouvelle nomenklatura russe Le Temps-Agences - Un grave accident impliquant la limousine d'un responsable du Kremlin, dont le chauffeur a été tué et qui a grièvement blessé une jeune conductrice, a relancé hier la mobilisation en Russie contre les passe-droits de la nouvelle nomenklatura du pays. L'accident est survenu mercredi soir sur Roublevskoïe Chaussée, une étroite route serpentant parmi les pins dans la banlieue huppée de l'ouest de Moscou, où résident dans de luxueuses villas nombre de responsables, d'hommes d'affaires et d'autres membres de la nouvelle nomenklatura russe. La grosse BMW du représentant du Kremlin à la Douma (chambre basse du Parlement) Garri Minkh a heurté de plein fouet l'Opel Corsa d'une Moscovite de 23 ans, Alena Iaroch, qui roulait en sens inverse, ont rapporté les médias. Le chauffeur de la limousine, Vladimir Chougaïev, 53 ans, est décédé des suites de ses blessures, alors que la jeune femme était hospitalisée avec de multiples fractures et un traumatisme crânien. Le représentant du Kremlin, qui regagnait son domicile lors de l'accident, ne souffre que de contusions. Le porte-parole de l'intendance du Kremlin, Viktor Khrekov, a affirmé dès jeudi que la jeune conductrice était responsable de l'accident. Mais le père de la jeune femme a démenti cette version des faits, affirmant avoir recueilli des témoignages indiquant à l'inverse que la limousine officielle, équipée d'un gyrophare, doublait en roulant à contre-sens sur cette route étroite. Cette version des faits a été confirmée par les enregistrements de caméras surveillant cette route très protégée, selon une source proche de l'enquête, citée sous couvert de l'anonymat par l'agence Interfax. Cette nouvelle controverse a relancé la mobilisation contre les passe-droits des innombrables limousines officielles et d'autres privilégiés des affaires ou du show-business qui s'affranchissent du code de la route au mépris de la sécurité des autres conducteurs. L'accident de mercredi fait écho à celui qui avait coûté la vie à deux femmes en février à Moscou, lorsque leur Citroën avait été heurtée de plein fouet par la Mercedes 500 d'Anatoli Barkov, vice-président du numéro un du pétrole russe Loukoïl. Nombre de conducteurs avaient fixé en signe de dérision un seau en plastique bleu sur le toit de leur voiture, et pour certains avaient physiquement fait obstruction aux limousines noires sur la route, au risque d'accidents ou d'incidents violents avec des gardes du corps.