Le Temps-Agences - Des affrontements à l'arme lourde ont eu lieu hier entre soldats cambodgiens et thaïlandais, ont indiqué des responsables des deux pays, alors que les tensions bilatérales se sont récemment intensifiées autour d'une question territoriale. Les heurts ont commencé vers 15H00 (09H00 HT) à proximité d'un temple khmer disputé, et semblaient s'être calmés en fin de journée alors que le ministre thaïlandais des Affaires étrangères avait passé la journée au Cambodge pour rencontrer son homologue. Les deux armées ont utilisé "des mortiers et de l'artillerie", a indiqué Chhum Socheat, porte-parole du ministère cambodgien de la Défense. L'armée thaïlandaise a fait état de deux soldats thaïlandais "légèrement blessés". Alors que la presse avait récemment évoqué le renforcement des troupes de part et d'autre, le ministre thaïlandais de la Défense a minimisé l'importance des incidents. "Nous sommes en train de négocier et je suis sûr que tout va bien se passer", a assuré Prawit Wongsuwon. Les deux capitales se sont par ailleurs mutuellement rejeté la responsabilité des affrontements, les premiers depuis avril 2009. "Nous avons le droit à l'autodéfense contre l'invasion thaïlandaise pour protéger notre territoire", a déclaré le porte-parole du gouvernement cambodgien Phay Siphan, cité par l'agence de presse officielle AKP qui a évoqué la capture d'au moins quatre soldats thaïlandais. Des villages ont dû être évacués de part et d'autre. Plusieurs secteurs de la frontière n'ont pas été délimités, ce qui alimente des différends à l'origine de plusieurs incidents armés qui ont fait plusieurs morts en 2008 et 2009. La dispute s'est cristallisée autour du temple de Preah Vihear, ruines du XI ème siècle classées par l'Unesco en 2008 et qui relèvent de la souveraineté du Cambodge, selon une décision de la Cour internationale de justice de La Haye en 1962. Mais les Thaïlandais contrôlent les principaux accès aux ruines et de nombreux secteurs n'ont pas été délimités, notamment une zone de 4,6 km2 en contrebas de l'édifice. Les tensions ont été ravivées après l'arrestation fin décembre de sept Thaïlandais qui avaient pénétré dans une autre zone frontalière contestée. Deux d'entre eux, dont un ex-leader du mouvement nationaliste et royaliste des "chemises jaunes", viennent d'être condamnés à de la prison ferme pour espionnage. Les "jaunes", qui campent autour du siège du gouvernement thaïlandais depuis plus d'une semaine pour dénoncer sa gestion de la crise, ont promis d'accentuer leur pression si tous deux n'étaient pas libérés. Un observateur étranger s'est dit surpris par ces heurts, entre deux armées qui se parlent de manière régulière et tentent d'apaiser les élans nationalistes de leurs classes politiques respectives. "Ils se connaissent très bien de chaque côté de la frontière. Ce sont plutôt eux qui freineront d'éventuelles montées de tensions venues des politiques", a-t-il estimé. "Mais c'est vrai qu'il y a pas mal de moyens militaires de part et d'autre et pas seulement de l'infanterie", a-t-il ajouté, évoquant entre 4.000 et 5.000 soldats de part et d'autre.