Par Ahmed Nemlaghi - Certains ont des rêves égoïstes, ne pouvant répondre qu'à leurs désirs personnels, en se souciant peu ou prou de ceux qui les entourent. D'autres rêvent de devenir milliardaires en usant de tous les moyens afin d'y parvenir, allant jusqu'à nuire, voire trahir leur patrie et les leurs. Ceux qui ont soif de pouvoir, sont mus par leurs désirs paranoïaques, et font fi de toutes les règles de bienséance et du respect de l'espèce humaine. La soif de pouvoir mon ami. C'est cette maladie qui a existé depuis la nuit des temps, et qui a fait que le plus fort élimine le plus faible. C'est cette maladie qui a permis à des despotes sanguinaires de commettre les pires exactions. Ceux qui ont fait les mêmes rêves qu'eux, les ont approuvés et suivis Une fois ces despotes destitués, leurs adeptes ont essayé après eux de se justifier en invoquant mille et une excuses. Mais ils se sont toujours révélés très vite, même s'ils ont fait semblant après coup, de tenir un discours tout à fait contraire à leurs convictions. Ce fut le cas entre autres, et pour aller directement au but, de notre nouveau ministre des Affaires étrangères. Il a été nommé, pour sa longue expérience diplomatique et ses discours plutôt favorables aux droits de l'homme. Mais il a vite déçu, que ce soit par le discours qu'il a prononcé devant Alliot Marie, la ministre des Affaires étrangères ou lors de l'émission télévisée, où il a été invité par la chaîne Nessma. Devant une ministre qui a proposé son aide et son soutien au président déchu lors de l'éclatement de la révolution, Il a déclaré que c'était un rêve pour lui de la rencontrer. A l'émission télévisée, il a été franchement négatif, notamment par sa rhétorique diplomatique usée à dessein pour noyer le poisson. En effet il n'a pas expliqué pour quelle raison il s'est montré élogieux à l'égard de ladite ministre. Il était obnubilé certainement par son rêve. A aucun moment il n'a voulu exprimer une position claire sur ce qui se passe actuellement en Egypte. Sa position en tant que ministre tunisien des Affaires étrangères, du gouvernement de la Révolution, c'est elle qui nous intéresse. Car finalement de ses rêves personnels et ses fantasmes on s'en contrefiche. Surtout lorsqu'il affirme qu'à son sens , ce qui s'est passé en Tunisie ce n'est pas une révolution. Pour se justifier il s'engage dans une rhétorique que même Platon n'aurait pas saisie. Cette révolution a pourtant, toujours fait partie du rêve du peuple. Le rêve pour la liberté. « Plus on prendra de soin pour ravir aux hommes la liberté de la parole, plus obstinément ils résisteront » Cette affirmation de Spinoza s'est justifiée au fil du temps chez nous et à travers les révolutions dans le monde. Toutes les révolutions qui ont éclaté en Tunisie, étaient des révolutions contre l'oppression et l'étouffement des libertés. Ben Ghédhahem l'a payé de sa vie, pour avoir dit non au Bey qui imposait indûment différents impôts et taxes aux tribus, à travers tout le pays. Les tribus qui ont combattu le colonialisme, les martyrs qui s'étaient sacrifiés chaque fois que se manifestait un oppresseur quel qu'il fut pour spolier les droits des citoyens, et tous les leaders politiques ou syndicaux, ont eu tous ce réflexe sincère et cet élan révolutionnaire, consistant à se sacrifier pour la liberté du pays et de son peuple. Ce rêve s'est réalisé encore une fois, à la Révolution du Jasmin, et dont Bouâzizi a fait jaillir la première étincelle, pour être suivi par la suite de centaines de jeunes qui ont payé de leur sang et de leurs vies. Si Montaigne affirme que Philosopher c'est apprendre à mourir , j'ajouterai en le paraphrasant que mourir pour ses idées c'est mourir pour la vie.