Chasser le naturel et il revient au galop. C'est du moins ce qu'on pourrait dire de tous ces hommes de culture qui s'accrochent de toutes leurs griffes aux nouvelles donnes de la réalité politique du pays pour ne pas sombrer dans les ténèbres ou – encore pire – finir par être la proie de la machine à broyer du « ripoux » qui l'actuelle nomenklatura tunisienne veut mettre en marche. Commençons par le fameux « coach » de l'honorablement célèbre Imed Trabelsi, à savoir le patriote au-dessus de tout soupçon Mohamed Driss, chef suprême du Théâtre National Tunisien dont il a vite fait d'en faire un terrain de chasse gardée durant tout le temps que dura son règne (de 1989 ? à la chute de son sponsor Ben Ali). Cela s'est passé sur Hannibal chaîne appartenant à l'homme qui a été au centre d'une affaire des plus dangereuses. Il fût accusé de haute trahison et qui fût libéré au bout de quelques heures. Quand on sait que les interrogatoires pour arracher un aveu à un détenu politique pouvait durer jusqu'à cinq ans, l'on ne peut que se réjouir de la rapidité avec laquelle le pouvoir a résolu cette affaire qui aurait pu – en temps normal – coûter la tête à son acteur. Au bout de quelques heures, l'homme qui fut arrêté sans ménagement ressortit libre et parler de quelques moments somme toute, fort agréables qu'il vient de passer avec ses frères de la police bienveillants et extrêmement sympathiques et il poussa sa gratitude jusqu'à leur promettre en direct, devant les caméras de sa propre chaîne télévisuelle qu'il les a compris. Décidément depuis que ce conard de Ben Ali a repris la fameuse phrase du général de Gaulle avant de s'éclipser comme un rat, tout le monde semble comprendre tout le monde en Tunisie. Une seule chose demeure cependant cachée par on ne sait quel écran de fumée : qui met le feu aux édifices publics, qui paye les malfrats pour semer la gabegie, qui gouverne réellement le pays etc ??? Qu'à cela ne tienne et revenons à ce qui intéresse la scène culturelle, le nouveau ministre de tutelle invité sur le plateau de cette chaîne fut sollicite de donner son avis sur le devenir de Mohamed Driss, patron du TNT et ce dernier de répondre que le coach de Imed Trabelsi n'a qu'à garder la maison en attendant que son dossier soit examiné. Un licenciement en direct à la télé. C'est du jamais vu et même si Mohamed Driss mérite – selon ceux qui lui vouent rancune – un châtiment encore plus dégradant que cette expulsion télévisuelle, nous nous devons d'en souligner le vice de forme pour couper court aux vieux réflexes revanchards. Driss aurait dû recevoir la signification de son licenciement par courrier. Qu'à cela ne tienne. On pardonne au ministre cette réaction spontanée d'autant qu'il faut reconnaître qu'elle a fait plaisir à plus d'un Tunisien. Mais l'affaire ne s'arrêta pas là. A peine le ministre a-t-il prononcé cette sentence que Lamine Nehdi, présent sur le plateau, proposa au ministre le nom de Raja Farhat pour succéder à Driss à la tête du TNT. Lamine qui est loin d'être un opportuniste ordinaire s'est approprié ainsi le droit de suggérer en direct la nomination de quelqu'un. Qui est Lamine pour faire une telle proposition ? Un comédien de grande pointure, certes ! Mais cela ne lui donne aucunement le droit de sauter sur une telle opportunité pour faire passer ses choix avant les autres. Et surtout qui est Raja Farhat qui s'est exprimé sur les pages d'un quotidien populaire en arabe en traitant de tous les noms le pauvre ex-président à tête de rat ? Si vous ne le savez pas, c'est celui qui a réalisé toutes les grandes manifestations à caractère culturel du 7 novembre. Il a raflé pas mal de fric ce faisant et aujourd'hui, il insulte la main qui l'a nourrie. Même un serpent ne fera pas cela. Et avec quel argent Driss a payé le palais qu'il a acquis dans la Médina de Tunis ? Sûrement avec celui de la vente des billets des pièces que le théâtre national a produits sous son règne absolu. Nous n'appelons pas à la vindicte nous essayons tout simplement d'informer et de conseiller à ceux qui n'ont jamais eu le moindre gramme de décence pour être au service des arts dans leurs pays de rendre compte des injustices qu'ils ont commises, des deniers publics qu'ils ont mafieusement acquis et de leur dire d'avoir – sinon la pudeur – du moins – l'impolitesse de se faire oublier.