Même si l'élevage bovin connaît une évolution quantitative en Tunisie, ce secteur souffre encore de faibles performances au niveau de la rentabilité des exploitations. Parmi les principales causes évoquées de cette diminution figure l'impact du concept de stress thermique qui s'étend du mois de juin à la mi-septembre en Tunisie, constatent des experts du domaine, ajoutant que les résultats de reproduction des génisses restent en deçà des standards et seuils définis pour les races laitières. Pis, ils tendent à se dégrader au cours des années.
Les résultats d'une étude sur le secteur ont montré que les vaches laitières de race pure introduites en Tunisie qui ont été élevées et sélectionnées dans les régions tempérées, sont bien adaptées au froid mais restent très sensibles à la chaleur (plus de 21 degrés). Ce stress engendre une chute des performances reproductives affectant la rentabilité des élevages, et notamment une chute des taux de réussite de la première insémination pendant la saison chaude. En effet, Selon les résultats de contrôle des performances des vaches laitières tunisiennes, l'âge moyen du premier vêlage est de 30 mois pour les vaches tunisiennes, contre une norme comprise entre 24 et 27 mois. D'après la même source, l'intervalle moyen entre deux vêlages est de 448 jours pour les vaches tunisiennes, contre un objectif recherché de 380 jours. Pour y remédier à cette situation, plusieurs professionnels du secteur recommandent la nécessité d'améliorer la rentabilité des exploitations à travers la maîtrise de la conduite de la reproduction, selon une approche globale intégrant les différents facteurs, et notamment l'alimentation, la santé et l'environnement. La maîtrise de la conduite alimentaire des vaches particulièrement aux moments critiques du cycle de production et la mise en place d'un programme régulier de suivi et de gestion de la reproduction restent nécessaires pour l'efficacité reproductive des vaches, soulignent encore les experts. Plusieurs défis restent à relever au cours du XIème plan de développement (2007/2011). Ces défis concernent le développement de la production de viande afin de répondre à la demande croissante, la réduction de l'effet des aléas climatiques sur la production et la consolidation de la productivité et la compétitivité du secteur. Il s'agit également d'accorder davantage d'intérêt à l'amélioration de la race, au croisement avec des races productrices de viandes, au développement du cheptel bovin à travers l'importation de génisses, l'encouragement de l'engraissement des races locales et importées et la protection du cheptel pendant la sécheresse. A rappeler que le secteur de l'élevage participe à hauteur de 38% de la valeur globale de la production agricole et emploi 32% de la main d'œuvre agricole. Le cheptel bovin a enregistré un taux de développement moyen annuel estimé à 2% et le nombre de vaches destinées à la production toutes races confondues a atteint 450 mille génisses, dont 215 mille de pure race composée essentiellement de la race Holstein spécialisée dans la production laitière. La consommation de viandes rouges en Tunisie est assurée à hauteur de 95 % par la production nationale, qui représente 47 % de la production globale de viandes. C'est ainsi que l'élevage contribue à 35-40 % de la production agricole et les viandes rouges contribuent à 40 % à la production animale. La productivité du cheptel en viande est faible et ne dépasse pas 111 kg par vache, en raison de l'irrégularité de la production des aliments pour bétail et leur qualité médiocre. Les exploitations du secteur se caractérisent également par leur petite taille et le nombre limité du cheptel. A cet égard, 73% des éleveurs de bovins occupent des exploitations dont la superficie ne dépasse pas les 10 hectares . Le cheptel de 94% d'entre eux ne compte que 10 femelles. D'autres difficultés sont liées à l'insuffisance des ressources fourragères.