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Pour la Palestine, il faut avoir le sens de l'humain, ne pas laisser le sentiment, la haine, l'emporter sur la raison
Interview de Bourguiba au journal « Le Monde »
Publié dans Le Temps le 06 - 04 - 2011

Certains pays arabes adoptent discrètement avec Bonn la même attitude que celle proclamée ouvertement par la Tunisie - Le Président Bourguiba a accordé a l'envoyé spécial du « Monde » une interview que le journal parisien a publiée le 11 avril 1965 :
« Des dizaines de milliers de Tunisiens, écrit le « Monde », étaient venus vendredi de la capitale et d'ailleurs, en dépit du temps maussade, attendre et applaudir M. Bourguiba à son retour du long voyage qu'il vient d'effectuer au Proche-Orient et en Méditerranée Orientale. L'accueil fut d'autant plus chaleureux que l'absence a été longue – cinquante jours – et le voyage émaillé de péripéties.
Très ému, le chef de l'Etat remercia ses concitoyens d'être venus lui « apporter » leur réconfort. M. Bourguiba ne doute pas que son peuple tout entier a approuvé les positions qu'il a prises dans les capitales arabes et son esprit d'indépendance à l'égard du Caire : C'est ce qu'il nous confia quelques heures après avoir regagné sa résidence de Carthage.
« J'ai toujours affirmé que les pays du Maghreb ne devraient pas jouer un rôle de premier plan dans un problème qui sensibilise l'opinion publique du Proche-Orient. Cependant, si je suis amené à suggérer des solutions, j'estime que l'approche du problème palestinien exige un travail de préparation des esprits. Cette méthode a réussi en Tunisie, bien qu'elle s'y soit heurtée à des oppositions bien que j'aie dû lutter longtemps pour convaincre les Tunisiens de s'y rallier.
« Pour la Palestine, il faut donc être réaliste, dépasser le stade des récriminations et des jérémiades. Il faut respecter des étapes, avoir le sens de l'humain, ne pas laisser le sentiment, la haine, l'emporter sur la raison. Il y a beaucoup de gens qui m'ont applaudi. Mais il se trouve que Nasser était en pleine campagne électorale. Les autres Etats arabes n'ont pas osé lui dire non ».
« Mais moi, sans aucune intention d'agressivité, j'ai dit « non ». J'ai dit ma façon de voir et j'estime que le temps travaille pour moi. D'abord parce que je leur ai montré que leur façon de procéder, qui n'a pas abouti depuis 17 ans ne peut plus aboutir maintenant. Ensuite, parce que je les ai obligés à réfléchir sur les formules que je leur proposais.
« L'une des solutions pourrait consister à appliquer la recommandation de l'ONU de 1948 qui n'a jamais été appliquée, c'est-à-dire de fixer la frontière selon le tracé prévu à l'époque. Les Israéliens restitueraient ainsi des territoires qu'ils ont occupés, au-delà de cette frontière, notamment les régions de Jaffa, Saint-Jean-d'Acre et Nazareth, et les réfugiés pourraient s'y installer.
« Naturellement, les Israéliens ne seraient pas d'accord. Mais du moins les arabes seraient dans une meilleure position sur le plan tactique, et la caution de l'ONU leur serait un appui sérieux. Car s'enfermer dans le refus, répéter que l'existence d'Israël est une injustice, même si c'est vrai, ça ne sert à rien.
Q : « Je ne sais pas, Monsieur le Président si vos conseils ont déjà porté leurs fruits, mais on constate en tous cas que les vives réactions de certaines capitales arabes contre la Tunisie se sont atténuées et que la tension est retombée.
R : « C'est vrai, j'ai peut-être heurté quelques sensibilités mais finalement je n'ai fait que dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Seulement ils sont obnubilés. Et puis, certains régimes ne sont pas solides. Ils ne voulaient pas d'histoire avec le Caire. Mais moi je n'ai pas besoin en Tunisie de faire de la démagogie. J'ai l'habitude de dire les choses franchement j'ai donc jeté un grand pavé dans la mare. Je leur ai dit « Voilà ce que je pense ».
Lorsque la Tunisie a refusé de s'aligner sur le Caire et de rompre ses relations diplomatiques avec l'Allemagne Fédérale, on a pensé qu'elle ne voulait pas compromettre ses échanges économiques avec Bonn et ses chances d'établir des liens avec le Marché Commun.
M. Bourguiba considère que cette raison n'a pas été déterminante et qu'il y en avait une autre plus sérieuse.
« Rompre est un acte grave. C'est une déclaration de guerre. Je n'ai rompu les relations diplomatiques qu'une seule fois, avec la France après Bizerte. Franchement, il n'y avait aucune raison de rompre avec Bonn ou j'aurai dû le faire avec les Etats qui ont reconnu Israël. Si je rompais je me faisais du tort, je ne faisais aucun tort à l'Allemagne et je n'apportais aucune aide aux Palestiniens ».
« Cette levée de boucliers contre l'Allemagne, qu'est-ce que cela signifiait ? Qu'il y avait certainement des raisons insolites, que je ne comprenais pas, et moi quand je ne comprends pas, je ne marche pas, d'ailleurs on constate aujourd'hui que certains pays arabes adoptent discrètement à l'égard de l'Allemagne, la même attitude que celle proclamée ouvertement par la Tunisie ».
La dernière fois que j'avais été reçu par M. Bourguiba, en octobre dernier, il semblait croire et espérer que le « dégel » entre Paris et Tunis ne tarderait pas à se produire. La crise de Bizerte remonte déjà à près de quatre ans. Celle qui a suivi la nationalisation des terres françaises date d'un an. Et pourtant, les Tunisiens ont le sentiment que le gouvernement Français, et plus précisément l'Elysée ne sont pas encore disposés à renouer le dialogue. M. Bourguiba, dit-on, en est amer, et parfois irrité. Mais il se garde de l'exprimer.
« Je ne m'impatiente pas, assure-t-il. La Tunisie a connu avec la France beaucoup plus d'années de « gel » que de coopération mais je ne suis pas pressé. Cela ne dépend d'ailleurs pas de moi. Peut-être l'attitude française s'explique-t-elle par les élections ou par des questions financières, par exemple le plan de stabilisation ».
« Cela peut vous étonner, nous attendrons, nous ne sommes pas particulièrement inquiets. On ne peut connaître le dessein lointain de l'Elysée… et, en attendant, la Tunisie continue sa marche en avant avec les amis qu'elle a, et elle n'en manque pas.
« Souhaitons que la France soit un jour parmi ses meilleurs amis. Nous serons toujours fidèles, quelle que soit l'attitude du général de Gaulle. Avec elle nous avons surmonté des difficultés autrement graves. Et si l'on y pense, nous sommes finalement arrivés aujourd'hui au terme du processus de décolonisation ».
En terminant, M. Bourguiba évoque à nouveau ces témoignages de confiance que le peuple Tunisien lui a apportés à son tour et qui englobent tous les aspects de sa politique, à l'égard de la France comme du monde arabe.
« J'ai l'impression, dit-il, que la Tunisie est en bonne santé. Ce régime mérite cette confiance, car il est au service du peuple. Nous travaillons pour lui avec efficacité et dévouement ».


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