Les initiatives se multiplient de la part de plusieurs structures de la société civile, pour la plupart nouvellement créées, en vue de renforcer et d'enrichir la formation politique des citoyens dans cette période post révolutionnaire, afin d'assurer le succès de la transition démocratique. Dans cette perspective, deux récentes structures constituées après le 14 janvier, le Centre de recherches sur la citoyenneté et la culture civique et l'Observatoire tunisien de la transition démocratique, ont organisé, ce jeudi 7 avril 2011, à Tunis, un séminaire sur ‘'le rôle du citoyen et les acteurs de la société civile dans le processus démocratique'' , animé par une élite de spécialistes, avec la participation d'un grand nombre de jeunes , de journalistes et de citoyens intéressés. Outre des communications scientifiques suivies de débats, la rencontre comportait un atelier de formation à destination des journalistes étalé sur 2 jours, les 7 et 8 avril. Ces actions de formation politique répondent à un besoin mais aussi à une spécificité de la Révolution tunisienne du 14 janvier, menée par le peuple tunisien en dehors de tout leadership politique, autour de quelques slogans et mots d'ordre, simples, mais vite devenus des principes nationaux dont la concrétisation et l'institutionnalisation réclamaient tout le travail de réflexion, de codification et de formation, en cours d'accomplissement à divers niveaux et au sein d'Instances et de structures officielles ou représentant la société civile. Mme Fethia Saidi, universitaire, présidente du Centre de recherches, et Mr Hamadi Rédissi, universitaire, coordinateur de l'Observatoire, ont présenté les objectifs de ces deux structures créées après le triomphe de la Révolution tunisienne le 14 janvier, en ce qui concerne notamment la consolidation de la culture politique des citoyens tunisiens et leurs capacités d'analyses. Le séminaire a été organisé avec le concours de la Fondation allemande ‘'Hans Seidl Stiftung''.L'ordre du jour de la séance plénière a comporté quatre communications, respectivement sur ‘'les organisations syndicales et la transition démocratique'' faite par l'universitaire Nizar Ben Salah, ‘'les régimes politiques et la transition démocratique'' faite par l'universitaire et avocat Amine Ben Khaled, ‘'le rôle du citoyen dans la transition démocratique'' faite par l'universitaire Mounir Kchaou, et enfin ‘'les structures de la société civile en Tunisie'' faite par Mme Fethia Saidi, présidente du Centre de recherches sur la citoyenneté et la culture civique. Mme Souad Triki, universitaire, qui a présidé la séance, n'a pas caché la gravité de cette période intérimaire post révolutionnaire qui commande, a-t-elle dit, un sens aigu des responsabilités et la réalisation d'un consensus national sur les grandes options. Comme l'a noté, en effet, le conférencier Amine Ben Khaled, les tunisiens sont appelés à se mettre d'accord sur un ensemble de principes acceptables par tout le monde et qui seront des lignes rouges à ne pas franchir, à l'instar des acquis relatifs à l'émancipation de la femme. Une fois ces principes admis par tous, l'action politique, dans le nouveau système post révolutionnaire, se réduirait à une sorte de gestion administrative des affaires publiques, comme dans les autres démocraties occidentales, avec des différences de style selon le parti ou l'alliance des partis démocratiquement au pouvoir. Ceci nécessite, aussi, l'organisation de la vie politique autour de deux ou trois grands pôles ou alliances politiques représentant les grandes tendances politiques convenues (droite, centre, gauche), avec un rôle d'arbitre pour les petits partis politiques, afin d'éviter les blocages inhérents aux régimes parlementaires et même aux régimes présidentiels, ne se prévalant pas de pareils grands pôles politiques à même de garantir la stabilité politique. Selon lui , la démocratie , en droit, se définit par la nette séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, mais elle implique, en outre, une conscience citoyenne évoluée qui met l'intérêt national au dessus de toutes les autres considérations. Foisonnement politique A travers l'exemple de l'action syndicale, le conférencier Nizar Ben Salah a mis l'accent sur le changement radical et général dans le sens du pluralisme qui marquera les divers aspects de la vie nationale, en Tunisie, après l'instauration du régime politique post révolutionnaire sur des bases démocratiques. Il a signalé le cas du Portugal qui est passé, après la révolution de 1974, d'une absence totale de toute vie syndicale, à un paysage syndical des plus compliqués et des plus pluralistes actuellement dans le monde, avec près de 400 organisations syndicales indépendantes. La Tunisie connait, actuellement, une situation similaire au niveau des partis politiques avec plus de 50 partis politiques de toutes les tendances, mais elle va connaitre un pluralisme aussi foisonnant au niveau syndical et au niveau des autres organisations professionnelles et structures de la société civile. Ces transformations en profondeur sont dans la logique de l'histoire et devront se produire nécessairement. Un rôle central revient au citoyen pour orienter ces transformations dans la bonne direction, à condition d'avoir une idée saine de la citoyenneté et de la mettre en pratique dans ses choix et ses comportements.