La Tunisie, pays réputé paisible et dont les citoyens sont largement connus pour être pragmatiques et rationnels, n'a cessé, durant sa très longue histoire, d'étonner le monde par sa ferveur révolutionnaire. Le constat paraît paradoxal, mais la donne est aisément vérifiable. Depuis Ben Ghedhahem, jusqu'à Bouazizi, en passant par Daghbagi et Hached, le peuple tunisien a pris tous les 20 ou 30 ans, rendez-vous avec l'Histoire pour se révolter et exprimer son refus de l'injustice sociale. Cela confirme l'enracinement des nobles valeurs socio-culturelles. Ainsi, la Tunisie a toujours donné des martyrs, que ce soit le 9 avril 1938, le 18 janvier 1952, le 26 janvier 1978, le 3 janvier 1984 ou le 14 janvier 2011. C'est par fidélité au pays, pour sa pérennité, pour son avenir et pour les nobles valeurs humaines que les Tunisiens ont conféré toute sa dimension au martyre. Cette valeur est liée dans l'histoire tunisienne à la lutte pour la liberté et n'a jamais visé des objectifs destructeurs ou porté atteinte à des innocents comme on le constate, malheureusement, de nos jours, dans certains pays. Que ce soit en temps de paix ou en temps de troubles sociaux, le peuple tunisien a toujours servi d'exemple aux autres peuples. Sa dimension géopolitique, relativement réduite ne l'a pas empêchée de se mesurer aux « grands » pays. Ce n'est point du chauvinisme ou du nationalisme démesuré, loin s'en faut, mais c'est plutôt la spécificité et la singularité de la Tunisie qui se vérifient encore une fois. D'ailleurs, la Révolution du 14 janvier a largement dépassé les frontières tunisiennes pour influer toute la région arabe qui est en passe de rompre avec des siècles de despotisme et de totalitarisme. Cette dimension hors du commun, que prend la Tunisie, doit inévitablement, et en premier lieu, inviter les Tunisiens et surtout les élites et toute la classe politique à être en phase avec cet élan révolutionnaire que donne leur pays à toute une région. Ceci passera par la protection des objectifs de la Révolution. Il est, également, tributaire d'un large consensus sur les valeurs de la démocratie et de la justice sociale. Eviter, du moins, en cette période les débats et les sujets superflus et non productifs, est également une condition pour préserver la mobilisation populaire autour de ces objectifs. Ainsi, les Tunisiens qui ont ouvert la voie à la lutte contre les dictatures, pourront ainsi donner l'exemple pour la seconde étape, celle d'une véritable transition démocratique. Ce sera un témoignage de fidélité au sang des martyrs et une démonstration, dans les faits, du noble sens de la valeur du martyre.