Le Temps -TAP- Le Desk culturel de l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP) poursuit ses contacts avec le monde de la culture et des arts pour sonder les opinions de l'élite intellectuelle au sujet de la révolution du 14 janvier 2011 et de ses diverses répercussions. Dans l'article qui suit, sont publiées les positions d'un certain nombre de chevaliers de la plume : Ali Debb (écrivain et scénariste, auteur de plusieurs feuilletons télévisés et radiophoniques) ''Cette révolution est celle de la Tunisie entière, du Sud au Nord. Nous sommes fiers car, nous voilà aujourd'hui à l'avant-garde de la nation arabe. En effet, la Tunisie est devenue un modèle en matière de révolution et de maturité. Nous devons préserver cet honneur et aller de l'avant. Nos devons aussi respecter certains principes fondamentaux dont la liberté, dans son acception universelle, sans tomber dans la démagogie liberté de l'opinion et de l'expression, liberté personnelle, liberté de croyance. Il faut, également, promulguer une nouvelle constitution et instaurer un régime parlementaire qui consolide le pluralisme car on a beaucoup souffert des méfaits du régime présidentiel. Nous devons, par ailleurs, surveiller les éléments suspects, mais sans tomber dans l'esprit de vengeance et des règlements de compte. A l'ère de Ben Ali, le peuple était exclu. Dorénavant chacun peut s'exprimer, point de veto. Il faut respecter la nouvelle constitution qui sera promulguée et qui doit garantir la démocratie et la liberté de presse. Ni censure, ni autocensure, ni instructions venues d'en haut. Le dictateur a été chassé. Rien ne sera comme avant. Je salue notre armée nationale qui a su préserver la révolution du peuple.'' Souf Abid (écrivain et poète) ''Hommage à la Tunisie verte, à la Tunisie généreuse, à la Tunisie des martyrs, de Ali Ben Ghedhahem à Daghbagi, aux martyrs du 9 avril, à Farhat Hached et aux martyrs tombés récemment dont notamment Mohamed Bouazizi. Hommage à tous ceux qui ont fait face avec courage à l'ancien régime et qui ont dit ''Non'' dans les années de braise, celles de l'oppression. Hommage aux jeunes de toutes les régions de la Tunisie, descendants d'Hannibal, Jugurtha, Tarek Ibn Zied, Assad Ibn al-Foural...qui ont montré que le peuple tunisien est amoureux de la liberté et que sa volonté de vivre libre est extraordinaire. Cette révolution exprime la conscience du peuple et nous devons, nous intellectuels et créateurs, faire notre autocritique, pour que notre production future soit à la hauteur de l'évènement. Adem Fethi (poète et écrivain) ''Le peuple tunisien ne demande pas seulement le pain mais aussi la dignité, la liberté et son droit à décider de son destin, de son présent et de son avenir. Ces revendications ont été faites par plusieurs militants durant des années, chacun à sa manière. Mais cette révolution a surpris tout le monde. C'est une révolution populaire, au sens large du terme, dont l'étincelle est partie de la Tunisie profonde et a abouti à la fuite du dictateur et la chute de son régime corrompu. Il s'agit d'une révolution qui a fait preuve d'une grande imagination. Elle est complètement différente des autres révolutions de l'histoire contemporaine. A ce titre, elle inaugure une nouvelle ère révolutionnaire. Pour cela, il faut que cette révolution réussisse et que les créateurs soient capables d'accompagner cette dynamique sans précédant.''