Une association pour la réinsertion des prisonniers et le suivi des conditions des prisons, dont le but est de réduire le fossé entre les détenus et leur environnement social ? Oui, pourquoi pas ? Et c'est chose faite. Puisque l'ARPSCP a vu le jour sous peu. Le but étant de repenser la philosophie de la pénologie dans nos murs. « Du temps de l'ancien régime on a utilisé les prisons comme un outil d'oppression et d'humiliation à l'encontre des incarcérés. L'association vise ainsi à couper court avec les pratiques inhumaines qui faisaient de nos maisons de correction des geôles de la honte. » fait remarquer Zouhair Makhlouf, vice-président de l'association qui a évoqué les intimidations qu'endurent les détenus politiques ou de droit commun dans nos prisons. Dans la foulée, Me Zied Cherni a brandi un document qui montre, preuve à l'appui, la mentalité répressive des geôliers qui espionnent systématiquement les prisonniers quelque soit le motif de leur incarcération. « En date du 12 janvier 2010 j'ai été espionné en rendant visite à deux parmi mes clients qui ne sont pas des prisonniers politiques. Ce document est le procès verbal de mes discussions qui ont été signées par les responsables de la prison. Cela montre la bassesse de ce système pénitentiaire qui devrait être repensé. La semaine dernière j'ai rendu visite à mon client qui avait des bleus sur le visage provoqués par les coups d'un agent de la prison. Ce dernier ne doit en aucun cas rouer de coups un prisonnier. Les agents qui dirigent les prisons d'une main de fer doivent être formés au préalable. La prison doit être un moyen de réadaptation et de réinsertion avant d'être une machine pour punir. » dit-il. Me Cherni y croit dur comme fer. Tout comme les membres de l'association qui se fixent comme objectif de suivre « les conditions de santé physique et mentale des détenus en ramenant l'administration pénitentiaire à prendre en ligne de compte le respect des droits de l'Homme».
Un cahier des charges
L'association qui réunit un groupe d'avocats, de militants des droits de l'homme, de médecins et d'anciens prisonniers politiques tentera un tant soit peu de créer un cahier des charges qui fixe des conditions de détention conformes aux lois internationales en vigueur. Mieux encore : l'association aura des représentations un peu partout sur le territoire tunisien du moins dans les villes où s'établissent des prisons, histoire d'encadrer les proches des prisonniers, notamment les enfants. Mona BEN GAMRA