S'il y a un mot très à la mode ces derniers jours, c'est celui de la « laïcité ». Que ce soit en France, en Turquie, en Iran, en Egypte, au Liban et, bien sûr, en Tunisie, premier pays arabe à injecter le mot dans le discours politique ambiant. Il faut dire que Bourguiba a presqu'inventé le concept de la religion laïque ou la laïcité religieuse, tout dépend du contexte politique le « Zaïm » se trouvait. L'actuelle génération qui refaçonne la politique selon ses aspirations aborde le débat sous plusieurs degrés. Il y a ceux qui confondent les laïcs avec les athées. Beaucoup d'athées sont sûrement laïcs naturellement mais le contraire n'est pas à généraliser. Justement, ce qu'on appelle en Occident un musulman modéré, c'est un laïc, voire juste un républicain. C'est aussi très rare de trouver des islamistes laïcs. Pourtant, la spécificité tunisienne favorise l'émergence d'un courant laïc, résultant de l'essor culturel et scientifique du Tunisien et sa conception pacifiste et modérée de la religion. Bref, reste à savoir si les Tunisiens sont majoritairement laïcs ! On sait juste qu'ils sont majoritairement tolérants et ce depuis plus de trois mille ans. En revanche, c'est en France où le débat blesse. La laïcité se limite à la place de l'islam dans une société qui sent sa chrétienté menacée. D'un point de vue occidental, l'islam est une menace. Chez nous, l'islam est un ciment social. Il n'y a qu'à voir la métamorphose des Tunisiens durant le mois de ramadan. Ils retrouvent le meilleur d'eux-mêmes, solidaires, tolérants, généreux et un brin grincheux mais ça a toujours été un signe de défoulement social. Aujourd'hui, le vrai projet à défendre, c'est celui de la citoyenneté. C'est-à-dire, comment garantir l'égalité des Tunisiens devant la justice, comment offrir une égalité des chances pour construire l'avenir et comment inculquer le patriotisme et le civisme aux générations actuelles et futures. La laïcité et la religion apportent ensembles des réponses à ces défis.