Originaire du Sud tunisien, et plus précisément de Béni Khedache, Mosbah Ejarboû était un nationaliste dans le sang. Défendre la patrie et le pays contre toute agression quelle qu'elle fut était pour lui quelque chose de spontané. Il avait dirigé le mouvement de résistance armée contre les colonialistes français en 1952, dans le Sud tunisien, et dont les combattants portaient le nom de « Fellagas » pour leur tendance pure et dure à aller jusqu'au bout dans leur combat. Le mot « Fellagas » était le pluriel de « Fellag » qui veut dire le casseur, dans tout ce que ce mot peut comporter de sens violent et explosif. Il était, d'ailleurs, utilisé par les colonisateurs dans un sens péjoratif comme si ces combattants étaient des agresseurs ou des terroristes. Or, ils se prévalaient d'un droit naturel, à savoir, la défense de leur patrie et de leur territoire contre les agressions et les multiples exactions du colonisateur. Mosbah Ejarboû avait toujours combattu avec véhémence et témérité, en vertu de ce droit. Il était mu par une bonne volonté et une bonne foi, sans aucune autre contrepartie que de voir son pays libéré du joug du colonialisme. A l'époque, les autorités coloniales avaient de plus en plus resserré l'étau autour des militants qui dénonçaient une situation devenue critique, notamment après la désignation de Jean De HauteClocque à la tête de la Résidence Générale, qui débarqua en Tunisie dès janvier 1952, avec l'intention de mater toute action nationaliste quelle qu'elle fut. La méthode du dialogue que voulaient entreprendre les militants du Destour, n'était pas de mise avec le Résident Général qui ne connaissait que les moyens de choc. Par contre, il cautionnait les actes de violence perpétrés par une organisation terroriste : « La main rouge » à l'égard des militants. Mosbah Ejarboû était pour cette raison, intraitable. Il décida de se battre ainsi que ses hommes jusqu'à la dernière goutte de leur sang. Bourguiba avait, pourtant, convaincu tous les « Fellagas » de rendre les armes en 1956, lors des négociations pour l'autonomie interne. Cependant, lors de l'attaque aérienne de l'armée française de Borj Remada, dans le Sud tunisien, en 1958, Mosbah Ejarboû fit preuve d'un courage sans pareil et qui n'avait d'autre mobile que la défense de la patrie pour laquelle il s'est sacrifié corps et âme, depuis sa tendre jeunesse, et jusqu'au dernier souffle, sans craindre les bombes larguées par ce raid aérien, où il mourut le 26 juin 1958, comme il l'aurait toujours souhaité, avec cette satisfaction d'avoir pleinement accompli son devoir, et la conscience bien tranquille. Paix à son âme.