• A l'Avenue Jean Jaurès 800 bulletins à traiter par jour • A peine 2000 agents sur le Grand Tunis. Il y a de l'emploi à pourvoir Hier, jeudi, nous nous sommes rendus à l'agence de la CNAM située Avenue Jean Jaurès à Tunis. C'était juste pour déposer un dossier pour remboursement de frais de soins. Il était 9 heures du matin et il y avait dans la salle d'attente plus de 50 assurés. Très vite, nous avons constaté que le travail des guichets allait trop lentement. On appelait en moyenne moins de 10 assurés par quart d'heure. Or, pour qui connaît ce centre de la CNAM, il y existe 8 guichets pour accueillir les visiteurs. Hier, quatre seulement étaient en service. Et encore, parce qu'entre 9 heures et 9 heures 30, il n'en y avait de vraiment actifs que deux ; les agents occupant les deux autres guichets n'arrêtaient pas leur va-et-vient entre le box et d'autres services de leur administration. Et ça discutaillait entre tous ces fonctionnaires, pendant que dans le hall, les assurés s'impatientaient. Nous avons alors demandé à rencontrer la responsable d'accueil qui, il faut le reconnaître, nous a très courtoisement reçus et a bien voulu répondre à nos questions. Les « martyrs » de la CNAM «Vous n'avez pas tort, le service est très lent ces derniers temps. Mais que pouvons-nous y faire avec un effectif aussi réduit que celui dont nous disposons actuellement. Nos agents sont plus que débordés. Nous venons de perdre un de nos collègues, mort de surmenage sans doute : je me rappelle comment alors qu'il était à son bureau, il s'était tenu la tête entre les mains et s'était mis à crier comme un fou, tant il n'en pouvait plus. Deux autres collègues sont absents parce qu'ils sont déprimés ; moi-même, je reprends aujourd'hui après un congé de trois jours. Sachez que nous recevons quotidiennement plus de 800 bulletins de soins ; les agents que vous voyez accomplissent depuis quelque temps le double, sinon le triple de leurs tâches habituelles. N'oubliez pas non plus, que la plupart d'entre eux sont relativement âgés. Il nous faut certes insuffler un sang jeune dans le personnel de notre centre. Mais notre direction centrale à laquelle j'ai personnellement adressé plus d'une demande de renforcement d'effectif, ne répond que par des promesses. Nous attendons depuis plus d'un trimestre la nomination de trois jeunes qui, malheureusement, tardent à débarquer parmi nous. Encore faut-il les former, ces jeunes, et cet effort supplémentaire risque de nous prendre du temps. Ce qui veut dire que la lenteur de nos services peut se prolonger même après l'affectation des nouveaux agents. En tout cas, pour les bureaux de la CNAM du Grand Tunis, 2000 agents c'est très insuffisant pour satisfaire l'impressionnante sollicitation dont nous faisons l'objet de la part des affiliés. Notre centre emploie certes les meilleurs agents et les plus anciens ; mais ce mérite, nous le percevons aujourd'hui, comme une sanction, comme une malédiction, à cause du stress qu'il nous cause. » Situation ingérable et pourtant… D'ailleurs, cette responsable se plaint de ces mêmes assurés qui, quotidiennement, prennent d'assaut le centre de l'Avenue Jean Jaurès et ne sollicitent pas les autres bureaux de la CNAM. Or, il y en a 50 à Tunis. « Imaginez, nous explique-t-elle, qu'un quart seulement de nos visiteurs sont de la capitale. On nous vient de partout, depuis Bizerte jusqu'à Tataouine. Si au moins, on se montrait compréhensifs à notre égard. Au contraire, c'est étrange ce que nos assurés sont devenus râleurs et agressifs après la Révolution. Nos agents essuient de plus en plus d'insultes et d'outrages. Lorsque j'appelle la police, on me répond que les agents de l'ordre sont sur d'autres endroits prioritaires de la capitale. Aujourd'hui, relativement, il n'y a pas foule. La salle d'attente accueille parfois plus de 200 personnes sans compter les centaines d'autres dossiers à éplucher dans les bureaux. J'ai déjà reçu des demandes de mutation de certains de mes fonctionnaires qui n'ont désormais qu'un seul désir : souffler un peu et surtout ailleurs qu'ici ! Jusqu'à présent, je suis parvenue à les en dissuader tout en étant convaincue qu'ils ont raison de vouloir partir. C'est devenu ingérable, ici ! Je dirais même que c'est tout simplement insupportable ! » Lorsque nous prîmes congé de cette dame extrêmement affable, nous passâmes dans l'un des guichets en service et dûmes endurer, pendant les quelques minutes que cela nous prit, un courant d'air effroyable. Le fonctionnaire qui nous servit avait les paupières enflées et l'intérieur de l'œil presque rouge ! Faut-il plus que cela pour que la direction de la CNAM renforce l'effectif de ses agents d'accueil ?! Faut-il que tous les fonctionnaires de ce bureau modèle, d'après ce qu'on nous en a dit, décèdent ou finissent dans un asile d'aliénés mentaux pour qu'elle réagisse ? Mais qui dit que cette lenteur bureaucratique n'est pas délibérément provoquée ? Après tout, la bureaucratie, ce n'est pas une nouveauté au sein de notre chère CNAM et à la non moins bureaucratique CNRPS ! Le lymphatique mouvement des agents de la CNAM serait alors le fait d'une seconde nature dont il est difficile, très difficile, de se défaire ! Même après la plus bouleversante des…révolutions !