Le Temps-Agences - La France recevait hier le président palestinien Mahmoud Abbas en visite à Paris, alors qu'elle réfléchit de plus en plus ouvertement à une reconnaissance de l'Etat palestinien par l'Union européenne pour dépasser la paralysie du processus de paix avec Israël. Le président de l'Autorité palestinienne était reçu dans l'après-midi par le président Nicolas Sarkozy à l'Elysée pour, a-t-il dit, lui "demander conseil" sur les démarches à suivre en vue de la reconnaissance d'un Etat de Palestine. Face au blocage des négociations de paix, rapidement interrompues après une brève relance en septembre, Paris semble envisager sérieusement une reconnaissance de l'Etat palestinien, même en l'absence d'accord entre les deux parties. Depuis sa prise de fonction fin février, le chef de la diplomatie française Alain Juppé s'est exprimé à deux reprises en ce sens. A la mi-mars, il avait estimé qu'il s'agissait d'"une hypothèse qu'il faut avoir en tête". "C'est une question à laquelle il faut réfléchir et à laquelle nous réfléchissons. Et elle se posera au mois de septembre ou octobre", a-t-il redit cette semaine. Nicolas Sarkozy n'a pas pris position récemment sur cette question. En janvier 2010, il s'était bien gardé d'endosser une déclaration de son ministre des Affaires étrangères de l'époque, Bernard Kouchner, envisageant déjà l'option d'une reconnaissance unilatérale. Interrogé sur la chaîne France 24, Mahmoud Abbas a estimé hier que les Européens étaient prêts à reconnaître l'Etat palestinien. "Tous les signes de ces organisations et Etats montrent qu'ils attendent le bon moment pour reconnaître" l'Etat, a-t-il dit, admettant toutefois n'avoir reçu aucune promesse. Le président palestinien a réitéré sa préférence pour un accord négocié avec Israël. "Nous préférons que cela se fasse par la négociation, c'est pourquoi nous voulons revenir à la table de négociations à tout prix pour réaliser la paix", a-t-il dit. Le choix d'une reconnaissance unilatérale a déjà été fait par plusieurs pays d'Amérique latine, même si la communauté internationale s'est fixé comme objectif la création de l'Etat palestinien à l'automne, au moment de l'assemblée générale des Nations unies, à New York. Mais ce calendrier est menacé par des profonds désaccords entre Israéliens et Palestiniens, en particulier sur la question de la colonisation juive en Cisjordanie et à Al Qods-Est, mais aussi par des divergences entre les grandes puissances.