Notre quotidien a été parmi les premiers journaux de la place à appeler à l'adoption d'une plateforme commune entre toutes les composantes politiques et la société civile de la Tunisie post-révolution. L'objectif étant de parvenir à une sorte « d'accord à minima » pour préserver les acquis modernistes de notre pays, d'une part, et d'autre part, et surtout, de rester fidèle aux martyrs de la Révolution, morts pour les idéaux de liberté et de dignité. L'idée a, depuis, fait son chemin puisque la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution s'en est saisie et a créé une commission à cet effet. S'il n'y a pas eu d'opposition claire de la part de la classe politique, des déclarations, à peine voilées de certaines parties, laissent supposer un certain embarras. Car, une fois adoptée, cette charte, pacte ou déclaration commune, aura, sinon un caractère contraignant, du moins moral, après les élections de la constituante, le 24 juillet prochain. Au demeurant, le fait de s'y conformer constituera une continuité sur la voie de la Révolution et dans la légitimité qu'elle a donnée aux acteurs politiques actuels. Une quelconque déviation serait synonyme de ce qu'à fait Ben Ali en « bluffant » tout le monde lorsqu'il a jeté aux oubliettes le « pacte national » signé en 1988, ouvrant ainsi la porte à la dictature. Mais, en définitive, c'est lui qui a fini par subir le « jugement de l'Histoire ». C'est l'exemple vivant de la nécessité d'avoir un minimum de conduite morale en politique. Mais, est-ce que se suffire de l'engagement des uns et des autres sera la véritable garantie ? Certains en doutent et veulent lui donner un caractère contraignant, en proposant même son insertion dans la prochaine Constitution. D'autres proposent que le document, une fois adopté, soit déposé entre les mains de l'Armée nationale qui veillera par la suite à son respect par la future classe dirigeante du pays. Une idée qui fait écho au sens du patriotisme qu'a démontré ce corps républicain et à son rôle dans la protection de la Révolution. Mais, il ne s'agit là que d'une proposition qui, si elle n'est pas dénuée de fondement aura besoin d'une révision du rôle de cette institution qui ne doit pas pour autant se transformer en un acteur à part entière sur la scène politique et ce, pour préserver le caractère civique du pouvoir politique en Tunisie.