C'est dans le cadre de la célébration du 1er mai 2011, première fête des travailleurs survenue après la Révolution, que l'UGTT organise hier et aujourd'hui une série de manifestations dont la table ronde tenue autour de la contribution de l'organisation syndicale à la chute de Ben Ali et de son régime, et consacrée également à la discussion de l'avenir de l'UGTT et à la part qu'elle est censée prendre dans le processus de construction du nouvel Etat. La rencontre a réuni les responsables syndicaux de plusieurs secteurs professionnels ainsi que des personnalités indépendantes invitées à ce débat. On a cependant déploré l'absence de certains dissidents et de représentants de la nouvelle opposition syndicale. Sur ce sujet, Abid Briki a précisé que des invitations ont été adressées à une majorité d'entre eux dans l'espoir de voir tous les syndicalistes tunisiens s'unir dans une conception nouvelle de l'action syndicale future. Pour Briki, la table ronde d'hier devait consacrer le nouvel esprit qu'il faut faire prévaloir au sein de l'UGTT et dont les maîtres mots seront désormais « démocratie », « pluralité », « transparence » « franchise » et « ouverture à la critique » même la plus acerbe. Mouldi Jendoubi remonta, quant à lui, aux causes lointaines de la révolution du 14 janvier et passa en revue les multiples contributions de l'UGTT à ce mouvement historique. Il regretta néanmoins que l'organisation ait raté son rendez-vous avec l'Histoire après la révolte du pain (janvier 1984), qui aurait pu plus tôt qu'aujourd'hui engager la Tunisie sur la voie de la démocratie et de la vraie justice sociale. Le Bureau Exécutif sur la sellette Lorsque la parole fut donnée à l'assistance, les critiques fusèrent contre les membres du Bureau exécutif de la Centrale syndicale ; mais la plupart des intervenants reconnurent qu'il faudrait un cadre plus approprié et beaucoup plus qu'une table ronde de deux heures pour dresser le bilan et le procès de l'UGTT avant et après janvier 2011. Cela ne les empêcha pas de rappeler que, sur le premier secrétaire général de l'organisation, en l'occurrence Abdessalem Jrad, et sur les siens, bien des rumeurs de corruption circulèrent avant et après la chute de Ben Ali sans que le Bureau exécutif de l'organisation ne soit intervenu pour les démentir ni pour les confirmer. On dénonça par ailleurs l'implication, selon les mêmes rumeurs, d'autres membres du B.E. de l'UGTT, nommément cités. L'un des participants affirma qu'il détenait plusieurs documents accablants sur ces responsables syndicaux et qu'il attendait de pouvoir les authentifier. Sur un autre sujet, on chercha à nuancer la contribution du Bureau exécutif au déclenchement de la révolution : on rappela en effet que l'équipe dirigeante de la Centrale syndicale ne s'était vraiment impliqué dans le soulèvement que sous la pression de ses bases notamment à l'échelle des syndicats régionaux. On n'oublia pas non plus d'évoquer certaines prises de position molles, hésitantes ou franchement contrerévolutionnaires du B.E. et qui furent déclarées officiellement avant, pendant ou avant le 14 janvier. En tout cas, hier les syndicalistes ne furent pas du tout tendres avec leurs premiers responsables et jugèrent que le mea-culpa que ces derniers osèrent timidement faire ne les dédouane pas définitivement. L'heure du grand procès est imminente, semblaient-ils crier à l'adresse de ceux parmi leurs camarades qui s'étaient « sali les mains » du temps du dictateur Ben Ali. Badreddine BEN HENDA
Les à-côtés *Outre cette table ronde, l'UGTT organise aujourd'hui dimanche 1er mai, un gala animé par les troupes musicales engagées « Ouled el Manajem », « La Recherche musicale », « Ajras » et par de jeunes rappeurs. Le poète égyptien Ahmed Foued Najm et notre Sghaier Ouled Ahmed déclameront quelques uns de leurs poèmes contestataires. Un hommage sera également rendu au chanteur Hédi Guella. Cette manifestation débutera à 9 heures 30 et se poursuivra en principe jusqu'à 13 heures 30. *Il est prévu d'organiser aussi un concours de peinture inspiré par la Révolution tunisienne et une caravane de soutien au profit des réfugiés libyens à Tataouine et Médenine. * Dans un communiqué daté du 29 avril, l'UGTT dénonce la violation répétée de notre territoire national par les parties libyennes en conflit. L'organisation condamne par ailleurs toutes les actions militaires visant les populations des régions frontalières entre la Tunisie et la Libye. Elle appelle à la cessation de toutes sortes d'agressions contre notre sol et notre population, tout en réaffirmant sa foi en l'unité du peuple arabe et la solidarité qu'elle lui manifeste dans son combat pour l'indépendance et la liberté.