La jeune avocate qui a été inculpée de diffamation à l'égard du corps judiciaire était citée à comparaître, hier, devant le doyen des juges d'instruction près le tribunal de première instance de Tunis. Toutefois,, deux avocats parmi ceux qui se sont constitués pour sa défense, ont présenté au juge un certificat médical envoyé par leur cliente empêchée pour maladie. Le doyen des juges d'instruction leur a permis de s'exprimer sur l'affaire, bien que le code de procédure pénale interdise à tout avocat de plaider en l'absence de l'accusé. Les deux avocats affirmèrent, tour à tour qu'il n'y avait aucune transgression de la loi, ni aucun délit commis par leur consoeur. Celle-ci, ont-ils fait remarquer, n'a fait que constater une réalité incontestable : il faut faire une purge au sein du corps judiciaire qui comprend encore des éléments corrompus qui faisaient preuve de complaisance avec le régime du président déchu. Ce dernier avait la main mise sur tout le corps judiciaire. Or, il n'y a pas de liberté sans l'indépendance de la justice. Le juge est la bouche de la loi comme l'a affirmé Montesquieu. Il est tenu de rendre ses décisions en son âme et conscience, au nom du peuple, et en vertu de la loi, sans subir aucune pression d'aucune sorte. Dans la présente affaire, ajouta le deuxième avocat, l'accusée n'a nullement eu l'intention de porter atteinte au corps judiciaire, bien au contraire. Sa préoccupation est celle de tous les auxiliaires de justice, avocats et magistrats confondus : assainir le corps judiciaire et ce, que ce soit parmi les magistrats ou les avocats. Plus de place à la corruption. Le doyen des juges d'instruction qui semblait être d'accord avec les propos des avocats, en acquiesçant de la tête, a renvoyé l'affaire à une date ultérieure. Renouvellera-t-il la convocation à la jeune avocate à une nouvelle date, ou classera-t-il l'affaire sans suite ? C'est ce que nous verrons avec la décision qu'il prendra dans les jours à venir.