Les bonnes chroniques radiophoniques se font rares. Les gens sont «pressés» dans tous les sens du terme et même ceux qui ont la patience et la volonté de suivre les émissions culturelles ou historiques sont souvent déçus par des coupures inappropriées qui dénotent le mauvais goût et le manque de respect des auditeurs. Idem pour la musique… la bonne ! A peine mis en marche, un «dawr» de Lotfi Bouchneq ou Salah Abdelhay, un qacid de Oum Kalthoum ou Abdelwaheb sans parler d'une wasla de Malouf et les commentateurs bien bavards passent à la cisaille pour défigurer bien des œuvres et leurs créateurs de grands talents. Il y a même des artistes dont on a oublié le nom : Ibrahim Hamouda (Mawaïd loua khat koun imta) Abdelghani Assayed (El bidh al amara…) qui naît bientôt Ali Riahi et même les grandes Saliha, Oulaya et Naâma. On les écoute presque plus à la radio et place à la médiocrité servie en « morceaux » brisés avec les mêmes rythmes et presque les mêmes paroles. Bref tout est stéréotypé modulé à l'air du temps… ce temps qui n'a plus le temps d'apprécier les bonnes choses. Quelqu'un peut-il retenir les paroles de ces chansonnettes distribuées tel des SMS sur nos antennes pour assourdir nos tempes… C'est l'art de la « casse » pour traduire toutes les frustrations et les cassures d'une époque explosive. Pourtant même après le départ de feu Abdelaziz El Aroui, le maître du genre ou Abdelmajid Ben Jeddou, Khaled Tlatli et Salah Jegham, certains très bon chroniqueurs font de la résistance persistent et signent. Je citerai en premier lieu Si Bouraoui Ben Abdelaziz une « encyclopédie » radiophonique et musicale et qui n'arrête pas de nous enchanter une fois par semaine en compagnie du grand poète Si Noureddine Samoud, géniale son émission toute en poésie avec une référence constante et méthodique à tout ce qui est important dans la civilisation et la culture arabo-musulmane et surtout l'accompagnement musicale avec les maîtres du genre. Autre « résistant » en la matière Si Béchir Rajab fidèle à son créneau si proche des familles et de la middle class avec son émission « Nabdh azaman wa Ikaâ al asr » (Le pouls du temps contemporain) Autre « rescapé » Si Salah Bézid avec une très belle émission : « Malamech Achououb » (les contours ou l'histoire des peuples). Rien que la semaine dernière et en compagnie d'un invité de marque l'historien Si Ahmed Mcharek, il nous ont régalé pendant presque une heure en remontant à « Takfarinas » le chef rebelle algéro-tunisien qui a tenu tête à l'Empire romain pendant plus de sept ans entre l'an 17 et 24 avant Jésus-Christ. Grâce à eux on a pu apprendre que les régions de Thala, Kasserine, Sidi Bouzid etc… qui ont fait la Révolution du 14 janvier 2011, étaient très fertiles et très riches du temps de Rome. L'Empereur et l'administration coloniale de la proconsulaire à Carthage donnaient la propriété et distribuaient les bonnes terres aux tribus locales en contre-partie d'un impôt qui ne dépassait pas le des revenus. Et dire qu'il n'y a pas si longtemps le système dictatorial offrait ces mêmes bonnes terres aux proches et aux « amis » sans savoir que le peuple de ces régions était démuni. Je terminerai cette chronique de la nostalgie en rendant hommage à Mme Halima Hammami qui en a vu de toutes les couleurs avec l'ancien régime et qui a été interdite d'antenne. C'est avec grand bonheur que nous l'écoutons à nouveau chaque semaine avec nos compatriotes résidents à l'étranger, toujours avec les mêmes émotions de la « ghorba » et la bonne musique. Finalement la radio de qualité est impérissable et a toujours beaucoup d'adeptes. Si Walid Tlili un autre brillant chroniqueur de la radio nationale en sait quelque chose. Quant à l'insignifiante elle meurt juste au moment où elle rend l'antenne.