La reprise de l'activité cinématographique semble difficile pour les cinéastes, qui depuis le 14 janvier, n'arrivent pas à mettre en marche leur projet de film. La léthargie touche tout le secteur de l'audiovisuel y compris la télévision publique. Il n' y aura pas de feuilletons pour le prochain ramadan. Sauf quelques documentaires tournés au lendemain de la révolution, les fictions vont devoir rester pour quelque temps à l'état de projet et ce, faute de moyens financiers. Pour redynamiser cette activité cinématographique, en léthargie en ce moment, les professionnels du cinéma propose l'accélération de la création d'un Centre National du Cinéma (CNC) qui doit être selon le producteur Habib Attia « doté d'une autonomie à la fois financière et décisionnelle », lui permettant d'assurer le financement public et privé du cinéma. Pour ce faire, Férid Boughedir, réalisateur de « Halfaouine » et « Un été à la Goulette », suggère de s'inspirer de l'exemple du Maroc, qui « grâce à son CNC a réussi très vite avec une seule loi sur les recettes de la télévision à multiplier par cinq sa production ». L'intérêt d'une telle institution est qu'elle a une large part de manœuvre dont ne dispose pas la direction de l'audiovisuel du ministère de la culture. A titre d'exemple, prélever des recettes et les répartir en fonction des besoins du secteur. La mise en place d'un tel mécanisme peut relancer la production de films surtout que la dernière commission d'aide à la production a accordé des subventions à neuf longs métrages : « Mille feuilles » de Nouri Bouzid, « A la recherche de Cheikh Moheiddine » de Naceur Khemir, « Jeudi après-midi » de Mohamed Dammak, « Les petites mains » de Moufida Tlatli, « La Reine vagabonde » de Hmida Ben Ammar, « Bastardo » de Néjib Belkadhi, « Tunis blues » de Lotfi Achour, « Loups et chiens » de Lassaâd Dkhil, « Ali Raïs » de Mourad Ben Cheikh et une dizaine de courts métrages sans compter les documentaires. Toutefois, le problème du marché se pose avec acuité, car il ne peut y avoir de production sans diffusion. « L'implantation de multiplexes est une urgence » estime Habib Attia. Est-ce que cela résoudra-t-il la question de l'exploitation des films lorsqu'on sait que le Tunisien a déserté depuis longtemps les salles et a pris d'autres habitudes. Toute une stratégie doit être mise en œuvre pour relancer le secteur et redonner envie au spectateur de retourner en salle. Cela exige du temps et de l'investissement. Pour le moment, des experts juridiques, fiscaux et financiers français sont attendus incessamment pour préparer avec les professionnels tunisiens des textes législatifs qui seront soumis au Premier Ministère en vue de leur adoption. La plupart des cinéastes tunisiens espèrent que l'instauration d'un CNC est la meilleure opportunité pour le développement et l'épanouissement du cinéma tunisien. C'est pourquoi l'accélération du processus de création de ce Centre est un impératif urgent dont le retardement peut infliger des conséquences désastreuses.